Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BAAL-BERITH

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 683).
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BAAL-BERITH. s. m. Nom d’une Idole. Les Talmudistes prétendent que cette idole avoit une figure obscène. Ils se fondent sur la signification de son nom, qui veut dire maître de l’alliance, Dominus fœderis ; selon la remarque de Buxtorf, la Circoncision étoit la marque de l’alliance que Dieu avoit faite avec les hommes. Pfeiffer croit que Baal-Berith étoit le Dieu protecteur des traités & des alliances, tels à peu-près qu’étoit, selon Kippin, Jupiter vengeur des sermens violés, ζεὺς ὅρκιος. Baal-Berith, selon Bochart, dans son Phaleg. Liv. II, ch. 17, p. 859, est l’idole, ou le Dieu de Berith, ou Beryte, patrie de Sanchoniathon. L’Ecriture en parle dans le Livre des Juges en deux endroits, 1° Jud. VIII, 27, où elle dit que Gédéon étant mort, les Israëlites prirent Baal-Berith pour Dieu, & au même Livre, IX, 2, où elle dit que les Sichémites donnèrent à Abimélech soixante pièces a argent qu’ils tirèrent du temple de Baal-Berith : & parce qu’on ne trouve Baal-Berith en aucun endroit, Bochart conjecture que cette idolâtrie se communiqua aux Israëlites par le commerce fréquent qu’eut Gédéon avec quelque Bérytien considérable, ou de quelque alliance ou traité fait avec lui. Il y a cependant une difficulté, c’est que le nom de la ville de Béryte vient comme nous le disons, à sa place, de l’hébreu בארות qui signifie des puits, & très-différent de ברית, berith, que l’Ecriture met toujours à Baal-Berith, & qui signifie, traité, alliance, confédération, fœdus ; mais cela ne l’arrête point. Autre conjecture : Nonnius appelle la ville de Bérith, Beroé, & dit que ce nom lui fut donné en l’honneur de Beroé fille de Venus & d’Adonis, ou, selon d’autres, de Thétis & de l’Océan. De-là Bochart infère au même endroit que Béroé est la même que Bérith ; que Baal par conséquent, dans Baal-Berith, est féminin ; mais que cela n’est point extraordinaire, & que les Septante le font souvent de ce genre, comme I, Sam. XVII, 4. Jer. II, 28, XI, 13, XIX, 5, XXXII, 35. Os. II, 8. Sophon. II, 4, & S. Paul Rom. II, 4. Seldenus a remarqué la même chose dans son Traité des Dieux de Syrie, Synt. II. Ainsi, selon Bochart, Baal-Berith est une Déesse, & non pas un Dieu. Il confirme ce sentiment par Sanchoniathon, qui parle d’un Elioun, c’est-à-dire, Très-haut, & d’une femme nommée Beruth, qui demeuroient à Byblos, qui étoit entre Berite & Sydon. Pour ce qui est du Liv. des Juges qui, ch. VIII, v. 27, dit que les enfans d’Israël prirent Baal-Berith pour Dieu ראלחים, il répond que les Hébreux ne connoissant point de sexe entre les Dieux, ils ont dû parler ainsi. Quoiqu’il en soit, il ne satisfait point sur la différence de בארות, Bérite, & בריתdans Baal-Berith ; & il est plus probable que Baal-Berith étoit un Dieu des Phéniciens, ou des Syriens, ainsi nommé, parce qu’ils croyoient qu’il présidoit aux traités & aux alliances ; Baal-Berith, Dieu du traité ou de l’alliance.

D’autres veulent que ce soit un nom de lieu, ou de montagne, dans la tribu d’Ephraïm, non loin de Sichem, où les Israëlites bâtirent un temple à Baal,& où, selon d’autres, ils firent alliance avec Baal, d’où vient le nom du lieu. En ce cas Baal-Berith signifieroit Alliance de Baal ; métathèse qui n’est point du génie des langues hébraïque, syriaque ni phénicienne.