Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BABEL

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 684-685).

BABEL. Nom qui fut donné à la ville & à la tour que les hommes bâtirent dans une plaine nommée Sinar, ou Sennaar, quelque temps après le déluge, avant que de se séparer pour peupler la terre. Voyez dans la Génèse, chap. XI, v. 1 & suiv. Ce nom est purement hébreu, composé de ב b, preposition qui signifie, in, dans, & de בל, bal, confusion, de sorte que Babel, est la même chose que dans la confusion ; ou bien de בא, ba, verbe, qui signifie venir, & de בל, bal, confusion ; de בלל, balal, confondre ; desorte que בבל, Babel, signifie, la confusion vient, ou est venue. En effet, ce nom lui fut donné, ainsi que l’Ecriture le témoigne, parce que Dieu confondit là le langage des hommes, pour confondre leurs desseins. La confusion des langues arrivée à la tour de Babel vint premièrement de l’orgueil, & de la foiblesse des hommes, &c. Bossuet. La ville de Babel fut la capitale de l’Empire qu’établit Nemrod, à-peu-près dans le même temps. C’est celle qui dans la suite fut nommée Babylone par les Grecs. Voyez Babilone. On dit qu’il y a encore dans une plaine à quelques milles de Bagdad des restes de la tour de Babel. C’est une colline qui a environ 1150, ou, selon d’autres, trois mille pas de tour, dont la matière composée de terre, & d’une espèce de ciment mêlé de bitume, est devenue si dure, qu’on ne peut qu’à grand’peine en rompre un petit morceau. Voyez le Voyage de le Blanc, Liv. I, chap. 5.

Le P. Kirker a fait un ouvrage latin, intitulé la Tour de Babel, où il a fait graver la figure de ces restes, vrais ou prétendus de la tour de Babel, Liv. II, p. 92 & suiv.

Parce que la tour de Babel étoit forte haute, & que ceux qui la bâtirent vouloient l’élever jusqu’au ciel le peuple dit quelquefois d’une chose bien grande, ou bien haute, qu’elle est grande ou haute comme la tour de Babel. Cela n’est que du discours familier & populaire. ☞ On dit encore pour signifier une grande confusion d’opinions & de discours, cette assemblée est la tour de Babel. Acad. Fr.

Babel. s. m. Nom propre d’homme, corrompu du nom Babylas. On dit Baible. Voyez Babylas.