Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BAILLISTRE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 708).

BAILLISTRE. s. m. Vieux terme de Jurisprudence, qui signifioit autrefois tuteur, & celui qui avoit la garde-noble, ou bourgeoise de ses enfans. Tutor pupillorum. Il venoit de baillie, signifiant tutèle, garde & administration. Dans les vieux titres, & dans la plupart des Coutumes de France, on trouve souvent le mot de tuteurs, gardiens & baillistres.

Ménage dérive ces mots de baillivus, terme de la basse latinité, qui signifie juge, qui a été fait de bajulus, qu’on a dit d’abord d’un père nourricier qui porte son nourriçon, & qui a été étendu aux Pédagogues, & sur-tout à ceux des Princes, & ensuite à un tuteur & à un juge ; & même il a été dit des maris, comme étant tuteurs de leurs femmes. D’autres le dérivent du grec βουλευτήριον, qui signifie, curia, lieu ou l’on s’assemble.

Du Cange dit que dans la basse latinité on a dit bajulare’, pour dire, officium gerere ; & bajulus, pour dire, un tuteur ; bail, baillisire, & bailliseur, & bajula, pour dire, tutèle ou baillie ; & baliivius regni, pour dire, Prince Régent.

Baillistre. s. m. & f. Blanche de Navarre, veuve en 1201, de Thibaut Ve du nom. Comte de Champagne, fut ajournée comme bailistre de Thibaut VI, son fils, né posthume, pour répondre aux prétentions de Philippe de Chypre, sa cousine, & d’Erard de Brenne son mari. Le Roy, 2e Mem. pour le D. de Sully. Baillistre en cet endroit est comme Régente, & ayant l’administration du Comté pendant le bas âge de son fils. Id.