Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BALANCER

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 716).
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☞ BALANCER. v. a. Tenir en équilibre. Librare. Un danseur de corde balance son corps pour ne pas tomber.

Se balancer. Se pencher tantôt d’un côté tantôt d’un autre. Cet homme se balance en marchant.

On le dit en ce sens de deux personnes, qui étant sur les deux bouts d’une planche mise en équilibre, se font hausser & baisser alternativement. Librare sese. Les enfans se balancent par divertissement.

☞ En Fauconnerie, se balancer se dit d’un oiseau de proie qui reste toujours à la même place, qui se tient suspendu en l’air, sans presque remuer les ailes, en observant sa proie. Radit iter liquidum, celebres neque commovet alas.

Balancer, est aussi neutre, & signifie pencher tantôt d’un côté, tantôt de l’autre. Quelques Physiciens prétendent que la terre balance sur son centre.

☞ En termes de chasse, on le dit des chiens qui poursuivent la bête, quand ils ne tiennent pas une route certaine, & quand ils se jettent tantôt d’un côté, tantôt de l’autre.

Une part de mes chiens se sépare de l’autre,
Et je les vois, Marquis, comme tu peux penser,
Chasser tout avec crainte, & finaut balancer.

☞ On le dit aussi de la bête, qui, chassée des chiens courans, vacille en fuyant. Le chevreuil balance.

☞ Dans les manufactures de soie, on dit qu’une lisse balance, quand elle se leve ou se baisse plus d’un côté que d’un autre.

On le dit encore des mouvemens qui font aller & venir une chose d’un côté à l’autre, ce que l’on appelle quelquefois bercer, & quelquefois balancer ; mais il ne faut pas employer indifféremment ces deux verbes dans les mêmes occasions ; outre que balancer est toujours bon, & bercer n’est guère que du style familier en ce sens. Librare se. La terre balance, ou se balance sur son axe. On assure qu’une montagne dans la Chine s’ébranle quand le ciel menace de quelque orage, & se balance à droite & à gauche comme un arbre que le vent agite. P. Le Comte.

Balancer, dans le sens figuré, se dit activement & neutralement. Dans la première acception, c’est examiner avec attention dans une chose les raisons qu’il y a pour & contre. Pensare, pendere aliquid suo pondere. Balancer les raisons des parties. Il se mit à balancer en lui-même, tantôt son avis, & tantôt celui de ses capitaines. Vaug. Les Juges étoient partagés, & l’affaire fut long-temps balancée.

Balancer, marque encore une espèce de comparaison d’une chose avec une autre, sans que l’une puisse l’emporter sur l’autre. Æquare, æquiparare, pensare. La joie que l’on a de l’élévation de son ami, est balancée par la peine qu’on a de le voir au-dessus de soi.

Les bienfaits dans un cœur balancent-ils l’amour ?

Rac.


L’homme a, comme la mer, ses flots & ses caprices.
Mais ses moindres vertus balancent tous ses vices.

Boil.

Balancer, en termes de peinture. C’est mettre une sorte d’équilibre dans les groupes, de façon qu’il n’y ait pas un côté du tableau plein de figures, tandis que l’autre est vide. Acad. Fr. On dit qu’une figure est balancée, lorsque les membres sont disposés avec équilibre, relativement au centre de gravité. Balancer les membres d’une figure, les faire contraster. Les mouvemens ne sont jamais naturels, si les membres ne sont également balancés sur leur centre dans une égalité de poinds ; ce qui ne peut arriver, s’ils ne contrastent les uns avec les autres.

Balancer. v. n. Dans le sens figuré signifie, être en suspens, irrésolu, incliner tantôt d’un côté, tantôt d’un autre. Fluctuare, hærere, hæsitare, suspenso esse animo, animi pendere. Il balançoit entre l’honneur du monde & la crainte de M. le Prince. Rochef. Il y avoit long-temps qu’il balançoit s’il se marieroit ou non. On dit aussi que la victoire a long-temps balancé entre les deux partis. Marc anceps, dubius.

Ce n’est pas que mon cœur vainement suspendu
Balance pour t’offrir un encens qui t’est dû. Boil

BALANCÉ, ÉE. part.