Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BAPTISTÈRE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 748-749).
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BAPTISTÈRE. adj. & subst. Prononcez Baptistère. Registre des Baptêmes. Eorum qui sacro Baptismi fonte tincti sunt index. L’Ordonnance de 1667, veut qu’on garde dans les Sacristies, & qu’on porte ensuite dans les Greffes des Justices, les Registres baptistères qui contiennent le nom de ceux qu’on baptise, & le jour qu’on leur a conféré le Baptême. Ils doivent être signés du pere, s’il est présent, & du parrain & de la marraine. Les majorités se prouvent par les extraits baptistères. Les Romains, pour justifier l’extraction, & conserver la suite des familles, avoient aussi des actes publics, où les peres faisoient enregistrer la naissance de leurs enfans. Servius Tullius institua le premier cet ordre, & Auguste le renouvela.

Baptistère, étoit anciennement une petite Eglise auprès d’une plus grande, où l’on administroit le Baptême, comme le baptistère de Constantin proche de S. Jean de Latran à Rome. Baptisterium. On donnoit le même nom à une Chapelle, qui dans une grande Eglise servoit au même usage. Les baptistères avoient autrefois l’image de S. Jean Baptiste. Fleur. Le baptistère devoit être autrefois de forme ronde. Le baptistère de Constantin étoit magnifique. Durand, dans sont traité des Rits, en donne la description qui suit, qu’il a tirée des Auteurs Ecclesiastiques & des Historiens. Ce baptistère étoit incrusté de Porphyre en dedans & en dehors : le bassin étoit d’argent ; au milieu du baptistère il y avoit une colonne de porphyre, sur laquelle étoit une phiole d’or du poids de cinquante livres, pleine de baume. Sur le bord du bassin on voyoit une figure d’agneau d’or, par où on faisoit couler l’eau dans le bassin : à côté de l’agneau il y avoit une figure de Jésus-Christ, du poids de cent soixante & dix livres ; & au côté gauche, une figure de Saint Jean-Baptiste aussi d’argent, du poids de cent livres, & tout autour du bassin sept figures de cerfs d’argent, chacune du poids de quatre-vingt livres, qui servoient à fournir de l’eau au bassin. Enfin, c’étoit autrefois la coutume de suspendre au-dessus du bassin des figures de colombes d’or, ou d’argent, pour représenter le Saint-Esprit.

Le baptistère a toujours été regardé comme un lieu sacré. On trouve dans l’Ordre Romain les cérémonies de la consécration du baptistère. Le baptistère, pris pour une Eglise, ou une Chapelle où étoient les Fonts baptismaux, est quelquefois appelé par les anciens Auteurs qui ont écrit sur les Liturgies, Salle du Baptême, aula Baptismatis : cette Salle, ou cette Chapelle étoit fermée durant le Carême, & la porte en étoit scellée du sceau de l’Evêque ; & on ne l’ouvroit que le Jeudi Saint. On employoit autrefois le chrême pour la bénédiction ou la consécration du Baptistère, soit qu’on entende par ce mot la Chapelle où étoient les Fonts baptismaux, soit qu’on entende le bassin qui étoit dans la Chapelle. voyez Habert.

Le baptistère étoit à l’entrée de l’Eglise, comme l’a prouvé de Hauteserre dans ses Notes sur Grégoire de Tours, p. 69, & sur Anastase, p. 27. Dans les baptistères il y avoit aussi des oratoires ; c’est-à-dire, des autels, selon la remarque du même Auteur sur Anastase, p. 43. Les baptistères n’ont commencé que sous Constantin, lorsque l’on commença à bâtir & à dédier publiquement des Eglises. Auparavant on conduisoit les Catéchumènes à la rivière la plus voisine, & on les y baptisoit.

Baptistère, s’est pris aussi par les Auteurs payens pour la cuvette dans laquelle on prend le bain. Pline le jeune l’emploi en ce sens, Liv. II, épître 8, & ailleurs.

Baptistère, se prend encore au particulier pour les Fonts baptismaux, qui étoient autrefois une espèce de piscine où l’on plongeoit le Catéchumène. Martyrius d’Antioche ordonna que la ville de la fête de l’Epiphanie on rempliroit d’eau les baptistères. Godeau.

Baptistère, se prend encore quelquefois pour le Rituel où les cérémonies du Baptême sont marquées, & pour l’eau dont on se sert pour baptiser. Voyez le Sacramentaire de S. Grégoire, Burchard, &c. Il se prend aussi pour le Baptême même, & pour les offrandes que les fideles font aux Prêtres qui ont conféré le Baptême.

Baptistère vient du mot grec βαπτιστήριον. Il signifie en général le lieu où l’on baptise, ensorte qu’il se prend quelquefois pour les fonts baptismaux. La figure tant du baptistère, que des Fonts baptismaux, étoit ordinairement d’une forme ronde. M. Du Cange, dans son Glossaire, a remarqué, que dans florence, vis-à-vis de la grande Eglise, il y a un baptistère de forme ronde, dédié à S. Jean-Baptiste. On trouve dans quelques vieux manuscrits grecs des figures de Fonts baptismaux qui sont aussi d’une figure ronde. Et il y avoit plusieurs Fonts baptismaux dans chaque baptistère, parce qu’on baptisoit plusieurs personnes à la fois, & même plusieurs autels, parce qu’on donnoit autrefois la communion immédiatement après le Baptême. Dans les commencemens les baptistères n’étoient que dans les grandes villes où résidoient les Evêques, parce qu’il n’y avoit qu’eux qui eussent droit de Baptiser. Il n’y en avoit même qu’un qui étoit dans l’Eglise Cathédrale : néanmoins Joseph Vicecomes prétend qu’il y a eu dès le commencement dans Rome plusieurs baptistères, & que presque chaque Paroisse avoit le sien : ce qu’il regarde comme un privilége particulier à cette grande ville. A la campagne, les Paroisses d’un Diocèse étoient divisés en Doyennés, c’étoit ainsi qu’on appeloit un certain nombre de Paroisses qui étoient sous la direction d’un Archiprêtre ; & il n’y avoit des Fonts baptismaux que dans une des Eglises de chaque Doyenné. On appeloit en latin cette Eglise Plebs, & celui qui la desservoit s’appeloit Doyen de la Chrétienté, Decanus Christianitatis, parce que c’étoit dans son Eglise que l’on conféroit le Sacrement qui nous fait Chrétiens.Voyez le P. Thomassin. Dans la suite des temps, pour administrer plus facilement le Baptême, les Evêques accorderent aux Paroisses le droit d’avoir des Fonts baptimaux. Ce droit étoit réservé aux seules Paroisses ; & s’il se trouve des Monastères avec des Fonts baptismaux, c’est qu’ils jouissent des Eglises baptismales de quelques lieux. Les Evêques accordoient quelquefois aux Moines ces Eglises, à condition qu’ils auroient avec eux un Prêtre séculier qui prendroit le soin du peuple. Ils trouvoient ensuite le moyen d’éloigner le Prêtre, & par-là ils étoient les maîtres de l’Eglise, qui devenoit un Monastère, auquel les Fonts baptismaux étoient toujours attachés. On trouve des exemples de cela dans les Cartulaires.

Le mot de Baptême & ses dérivés viennent du grec βάπτιζειν, immergere, plonger dans l’eau.