Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BARATTERIE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 751).
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BARATTERIE. s. f. Terme de Marine. C’est la tromperie du Patron, ou malversation du Maître, ensemble les larcins, altérations, & déguisemens causés par le Maître, ou par l’équipage. Fraus, dolus, fallacia, barataria. La peine de la baratterie est mentionnée au livre 2e. de l’Ordonnance de la Marine. Décharger une barque pendant le cours de la navigation, est un crime de baratterie qui est punissable. Un Capitaine de vaisseau faisant naufrage volontaire, fait un crime de baratterie. L’Assureur court le risque de la baratterie. On se sert aussi de ce terme en italien & en espagnol. Originairement il ne signifioit que marché ; & parce qu’on y faisoit souvent des fraudes, il a été appliqué aux tromperies de commerce. On a appelé aussi Barattiers, les chicaneurs qui faisoient des surprises en plaidant ; & on lit dans Matthieu Paris, que l’Empereur Frédéric fut accusé d’avoir dit, tres fuisse baratores in mundo, seu tres ompostores.

Ce mot est venu du vieux mot françois, barat, qui de tout temps a signifié toutes sortes de tromperies. On disoit aussi baratter, pour dire, tromper. Quelques Auteurs appellent baratteries les malversations des Magistrats dans leurs charges, & celles de leurs domestiques. Le P. Thomassin dérive baratterie de παρατουρία, mot grec vulgaire.