Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BASILIQUE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 783).
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BASILIQUE. s. f. Vieux mot, qui signifioit autrefois Palais du Prince, ou seulement une grande salle, ou un lieu public avec portiques, ailes, tribunes & tribunal, où les Rois rendoienr eux-mêmes la justice ; depuis il a signifié une grande Eglise. Basilica. Ce nom de basilique, qui signifioit dans les commencemens une grande sale où le Roi rendoit la justice à son peuple, fut attribué dans la suite aux lieux où les Juges la rendoient, & où les Marchands s’assembloient. Perrault.

Azor prétend qu’on appeloit autrefois basiliques les Eglises qui n’étoient pas encore consacrées ; il paroît plus vrai de dire, avec le Cardinal Baronius, qu’on appeloit ainsi les Eglises les plus magnifiques, lorsque par leur magnificence elles surpassoient autant les autres Eglises, que les Palais des Princes surpassent les maisons des particuliers. On appelle encore en Italie la Basilique de S. Pierre ; pour dire, la grande Eglise de S. Pierre ; & Basilique d’or, l’Eglise de S. Sauveur, ou de Latran, à cause de son excellente structure, & de ses riches ornemens. M. Perrault a observé que les Basiliques étoient différentes des temples, en ce que les colonnes des temples étoient en dehors, & celles des Basiliques en dedans. Il y avoit autrefois à Rome de quatres sortes d’Eglises ; les Patriarchales, les Titulaires, les Diaconies, & les Oratoires. Les Patriarchales étoient celles que l’on nommoit particulièrement Basiliques ; elles appartenoient proprement au Pape, comme S. Jean de Latran, S. Pierre au Vatican, sainte Marie Majeure, saint Laurent hors les murs, & sainte Croix de Jérusalem. Elles avoient des Mansionnaires, ou Gardiens, chargés de les tenir propres & de les orner. Hadrien de Valois a fait un Traité des Basiliques bâties par nos premiers Rois, & Launoy en a fait la critique.

Basilique, s. m. Basilicus. Les Basiliques étoient dans l’Empire Grec des Officiers qui portoient les ordres de l’Empereur. Ce mot vient de Βασιλικός.

Basilique, s. f. en termes d’Anatomie, est une veine qui naît du rameau axillaire, qu’on nomme aussi hépatique ou jécotaire, c’est-à-dire, du foie, qui va tout le long du bras, & qui a deux rameaux, dont l’un descend le long du grand focile, & l’autre le long du petit focile, & dont les petites branches s’étendent jusqu’aux doigts de la main. Il y en a deux, dont l’une s’appelle la superficielle, ou sous cuir, l’autre la profonde. Saigner quelqu’un à la Basilique.

Basiliques, chez les Jurisconsultes, c’est une collection des lois Romaines traduites en grec. On y a compris les Institutes, le Digeste, le Code, & les Novelles de Justinien, quelques Edits de Justinien, de Justin le jeune, de Tibère de Thrace, de Zenon, de Basile le Macédonien, & de quelques autres Empereurs. Cette compilation est divisée en 60 livres, c’est pourquoi elle a été appelée Ἑξηκοντάβιϐλος. On croit que ce recueil est l’ouvrage de l’Empereur Léon le Philosophe, & que par honneur il attribua les Basiliques à Basile le Macédonien son père, parce qu’il avoit commencé à faire travailler à la version grecque des lois romaines. Quelques-uns ont crû que Constantin Porphyrogénète y avoit autant de part que Basile, & Léon, son aïeul, & son père. Cependant on ne lui peut attribuer que l’ἀνακάθαρσις, c’est-à-dire, la révision, ou répurgation. Des 60 livres de Basiliques, il ne nous en reste que 41. M. Fabrot les a traduits en latin, & en a donné en 1644 une édition grecque & latine, en 7 vol. in-folio. Il est vrai que M. Fabrot a rétabli les 10 livres qui étoienr péris, en les ramassant ex Synopsi Basilicon, traduits par Leunclavius, & des autres lieux où il en a pû retrouver quelques débris. Ce mot vient, ou de l’Empereur Basile qui en avoit formé le premier projet, ou du mot grec Βασιλικός, qui signifie royal, ou impérial.

Basilique ou Basilica, en Astronomie. Nom d’une étoile fixe de la première grandeur, dans la constellation du Lion. On l’appelle autrement Regulus, & corleonis, ou cœur de Lion.