Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BATTEMENT

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 802).
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BATTEMENT. s. m. ☞ Ce mot ne se dit guerre que dans les phrases particulières que nous allons expliquer. Battement des mains, des pieds, en signe d’applaudissement ; applaudissement en frappant des mains. Plausus. Le battement des mains, des pieds se fait en signe de joie. On dit de même, le battement des ailes ; pour dire, le mouvement des ailes des oiseaux.

☞ En Médecine on dit le battement du cœur, des artères, du pouls ; pour dire, palpitation du cœur, mouvement du cœur, des artères & du pouls. Palpitatio, palpitatus cordis, pulsus arteriarum, venarum. Il y a des Médecins qui distinguent jusqu’à 81 sortes de battemens de pouls simples, & 15 de composés. On compte environ 60 battemens de pouls à un homme tempéré dans une minute, ce qui fait 3600 battemens dans une heure. Il y a des personnes à qui on en compte 4000 & 4500. On ne sauroit entendre parler de ce qu’on aime, sans quelque battement de cœur. Quand on s’est long-temps appliqué à écouter la voix de la nature qui s’explique par les battemens du pouls, on sent parfaitement les différences des maladies. P. le Comte. M. Amontons a trouvé que pour avoir les battemens du pouls plus fréquens, on n’en a pas le sang plus chaud. Acad. des Sç. 1703. Hist. p. 10. Le battement des artères suit à-peu-près les contractions du cœur, selon les portions du sang qui en sont poussées alternativement & par secousses dans les artères. Homberg, Acad. 1704. Mém. p. 159.

Battement, en terme de Menuiserie, est une tringle de bois, ou une barre de fer plat, qui cache l’endroit où les ventaux d’une porte se joignent.

Battement, en Horlogerie, se dit du coup que donne à la coulisse l’étochio qui est à la circonférence du balancier lorsqu’il décrit de grands arcs. Encyc.

Battement, est aussi synonyme à vibration, mais il ne se dit que de celles du balancier des montres. Dans les pendules on se sert toujours du mot de vibration.

Battement, en Musique, est ce que l’on appelle tour de gosier, ou double cadence. C’est un des agrémens du chant, qui procède de plusieurs battemens du gosier, qui se font dans le passage d’une note à la note qui est immédiatement au-dessus.

Le battement se dit aussi de la réunion de deux vibrations, qui, après avoir été séparées, se joignent & frappent en même temps l’oreille, commençant ensemble & finissant de même. Consonantia, concordia. L’oreille s’apperçoit plus aisément des battemens qui sont plus rares, & distingués par de plus grands intervalles. Acad. des Sç. 1700. Hist. p. 135. Si l’on prenoit deux tuyaux tels que les intervalles de leurs battemens fussent assez grands pour être mesurés par les vibrations d’un pendule, on sauroit exactement, par la longueur de ce pendule, quelle seroit la durée de chacune des vibrations qu’il feroit, & par conséquent celle des deux battemens des tuyaux. Ib. Les battemens ne plaisent pas à l’oreille, à cause de l’inégalité du son ; & l’on peut croire, avec beaucoup d’apparence, que ce qui rend les octaves si agréables, c’est qu’on n’y entend jamais de battemens.

Battement. Terme de danse. Les battemens sont des mouvemens en l’air que l’on fait d’une jambe, pendant que le corps est posé sur l’autre, & qui rendent la danse très brillante, sur-tout lorsqu’ils sont faits avec liberté & avec grâce. C’est la hanche & le genou qui forment & disposent ce mouvement. Je suppose que vous soyez sur le pied gauche, la jambe droite en l’air & bien étendue, il faut la croiser devant la gauche, en approchant la cuisse & pliant le genou, & l’étendre en l’ouvrant à côté ; du même temps son genou se plie, en la croisant derrière, puis l’étendre à côté & continuer d’en faire plusieurs de suite, tant d’une jambe que de l’autre. On les prend quelquefois en sautant. Rameau.

A la guerre on fait plusieurs battemens de tambour. Pulsus tympani. Le battement du bâton rond se fait lorsque les deux bâtons frappent l’un après l’autre : celui du bâton rompu, lorsque chaque main frappe des coups de suite ; & celui du bâton mêlé, lorsque chaque main bat tantôt une fois, & tantôt deux. A la retraite les deux bâtons battent ensemble. On ne dit guère battement de tambour.

En termes d’Escrime, on appelle le battement de l’épée, un simple attouchement du foible de l’épée d’un assaillant au foible de l’épée de l’ennemi, pour l’obliger à quitter la ligne, lequel se doit exécuter hors la mesure ; & c’est une espèce de feinte ou d’appel ; mais le battement qui se fait en poussant de pied ferme, en passant, ou en quartant, se doit commencer du demi-fort au foible. Conflictus. ☞