Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BAYER

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 812).
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BAYER. v. n. Tenir la bouche ouverte en regardant longtemps quelque chose. Ore aperto & hiante aliquid aspicere. Il tire son étymologie de l’italien badare, qui est aussi latin, selon les Gloses attribuées à Isidore. Ce mot est vieux & hors d’usage. On dit familièrement bayer aux corneilles, pour exprimer un homme oisif, & qui s’amuse à regarder niaisement toutes choses. M. Guittaut m’envoya une cassette de ce qu’il a de plus précieux. Je la mis dans mon cabinet, & puis je voulus aller dans la rue bayer comme les autres. Mad. de Sevigné.

Allons, vous : vous rêvez, & bayez aux corneilles,
Jour de Dieu, je saurai vous frotter les oreilles.

Mol.

Il y en a d’autres qui disent béer aux corneilles.

☞ On dit en style figuré & familier, bayer après quelque chose, après les honneurs, les richesses. Les désirer avec avidité. Ce verbe est toujours neutre. Les Vocabulistes le disent avec tout le monde ; & pour le prouver, ils apportent cet exemple. Que bayez-vous là depuis deux heures ? Eux qui relevent si durement les prétendues bevues des autres, comment qualifiroient-ils celle-ci.