Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BAYONNE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 812-813).
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BAYONNE, ou BAÏONNE. Prononcez Baïonne. Lapurdum, Baïona. Ville de France, en Gascogne, dans la Terre de Labour dont elle est capitale. Elle est située à la jonction des rivières de l’Adour & de la Nire, qui font Bayonne une ville de fort grand trafic, & un port de mer fameux. Corn. Quelques-uns croient que c’est les Aquæ Tarbellicæ des Anciens. Scaliger & Vinet estiment que les Boïates ou Boïens, dont la Cité appelée dans les Notices la Cité des Baïates, autrement Boïens, étoit l’une des douze Cités de la Novempopulanie, & qui est le bourg de Buchs ; ils estiment, dis-je, que les Boïens avoient leur étendue depuis le pays de Buchs jusqu’à Bayonne, & que cette ville étoit leur cité. Mais le pays de la cité d’Acqs s’oppose à cette conjecture ; car cette partie de ce pays est située entre Bayonne & le pays de Buchs, & empêche toute sorte de communication entre Bayonne & Buchs. La dénomination de cette ville, qui sert de fondement à cette opinion, ne doit point être considérée ; car outre qu’elle est nommée constamment Bayonne dans tous les titres, aussi-bien que par le vulgaire, & non pas Baïonne, comme nous voudroit persuader Vinet, il ne faut pas douter que cette diction ne soit récente, & qu’elle ne prenne son origine de la langue basque, signifiant bonne baie ou bon port, baya ona, Baïa, c’est-à-dire, port, en langage de Marine, & ona, bon. De Marca. Je dis que le nom de Bayonne est récent, étant certain que cette ville & son Evêché sont appelés dans les vieux titres Lapurdensis, & non pas Baïonensis. Id. Bayonne n’est donc pas la cité des Boïates. C’est une cité érigée par quelque Synode provincial, pour la substituer après la ruine de Buchs, à la place de la douzième cité qui avoit été distraite de l’Aquitaine IIIe en faveur de l’Aquitaine IIe & de l’Archevêché de Bordeaux, auquel le terroir de la cité de Buchs avoit été incorporé. Cela se fit avant la venue des Normands de l’an 845, attendu qu’une Charte de Lescare témoigne qu’ils la ruinèrent avec les autres cités de Gascogne, & que l’Evêque Arsius témoigne en 980, que cette ville étoit en possession de toute ancienneté, de certaines vallées. La longitude de Bayonne est à 16° 2′, 48″ de longitude, & à 43° 29′, 45″ de latitude. Picard, De la Hire.

L’Evêché de Bayonne, autrefois de Labour, Episcopatus Lapurdensis, Baïonensis. L’Evêché de Bayonne, qui a seulement 60 Paroisses, étoit autrefois d’une plus grande étendue, comme on le peut voir dans l’Histoire de Béarn. de M. De Marca, Liv. I, ch. 4, n. 5. Il est remarqué en la Session XXXIe du Concile de Constance, que cet Evêché avoit son étendue en trois Royaumes ; à savoir, de France, de Navarre & de Castille. Ils y ont continué leur juridiction jusqu’à ce que le Pape, à l’instance de Philippe II, Roi d’Espagne, y ordonna par provision un Vicaire Général, tandis qu’il y auroit hérésie aux pays voisins de France ; quoique l’Evêque ni le Chapitre de Bayonne n’aient point été troublés en la jouissance des revenus qu’ils possèdent en ce quartier. De Marca.

Bayonne a eu des Vicomtes, & il y a des monumens qui en marquent jusqu’en 1205, où ils ont manqué. Cette Vicomté a été depuis confondue avec le Duché de Guyenne, & Charles VII la réunit à la Couronne en 1451.

Le Golfe de Bayonne, Baïonæsinus, Tarbellicus, ou Lapurdensis sinus. Petite partie de la mer de Gascogne, vers les frontières de la terre de Labour, & dea Biscaie. On l’appelle aussi mer des Basques. Maty.

Il y a encore Bayonne, ville de la nouvelle Castille, & Bayonne port de mer en Galice, à la hauteur duquel sont les îles de Bayonne. Bayona.

Bayonne. Petite rivière de France, au Vexin françois, qui a sa source près de S. Cyr sur Chars, & se perd dans l’Oise à Pontoise.