Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BERLE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 864-865).

BERLE. s. f. Sium, ou Berula. Plante ombellifère, dont les feuilles sont rangées par paires, sur une côte terminée par une seule feuille. La berle ordinaire vient dans l’eau & s’y étend beaucoup, au lieu que hors de l’eau elle devient plus maigre, plus petite & plus ramassée. Ses racines sont blanches & chevelues : elles poussent une tige ronde, creuse, noueuse, couchée, & qui donne plusieurs racines de chacun de ses nœuds : de cette manière, toute la plante s’étend & se multiplie. De chacun de ses nœuds naît une côte qui enveloppe & embrasse étroitement, par sa base, la tige. Cette côte sert de queue à quatre à cinq paires de feuilles qui sont rangées, crénelées dans leur contour, & d’une odeur de Chervi. Il sort encore de chacun de ces nœuds ou une branche, ou un pédicule, qui soutient une ombelle de fleurs blanchâtres, petites, auxquelles succèdent des graines menues, cannelées sur leurs dos, âcres & piquantes au goût. Celle-ci est le Sium umbellatum, repens, espèce plus commune que celle qui est nommée Sium, sive apium palustre foliis oblongis, dont les feuilles sont plus étroites & dentelées plus profondément. Il y a une troisième espèce de berle qu’on nomme la grande berle, & dont les feuilles ont à peu près le volume de celle du panais. La berle est antiscorbutique, apéritive & diurétique.

Le nom de berle étoit appliqué autrefois indifféremment à plusieurs plantes de différens genres, telles que le becabunga, qui est une espèce de Véronique, & à l’Œnantha. Plusieurs Auteurs ont fait mention d’une plante ombellifère & aquatique, nommée Sium Erucæ foliis, & qu’on croit être très-venimeuse. Vepserus a cru que cette dernière plante étoit la ciguë aquatique des Anciens. Daléchamp fait venir l’étymologie de Sium du grec, ἀπὸ τοῦ σείειν, à cause que cette plante est continuellement agitée par l’eau courante dans laquelle elle croît.