Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BERNER

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 867).
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BERNER. v. a. Faire sauter quelqu’un en l’air dans une couverture, par jeu, ou par dérision. Aliquem è linteo in altum jaclare. Sancho Pança, valet de Dom Quichotte, fut violemment berné dans la taverne. Suétone rapporte que c’étoit un des plaisirs de l’Empereur Othon de se faire berner.

Ménage & Borel prétendent que ce mot vient de berne, qui est, comme dit Cujas, un ancien mot françois, qui signifie un certain habillement, que les Latins ont appelé fagum, avec lequel on bernoit ; & Nicot dit qu’il vient de Hibernia, où il prétend qu’on porte encore de semblables vêtemens faits d’un drap grossier & velu, qu’on appelle bernée. Covatruvias appelle aussi bernia un manteau fort large fait d’un gros drap.

Berner, se dit aussi figurément pour railler quelqu’un le faire servir de jouet à une compagnie. Ludere, illudere, irridere. Cet homme est un ridicule, qui se fait berner par-tout où il se rencontre.

Puis un chacun contre moi déchaîné
Je fus honni, réprimandé, berné :
Des malheureux c’est assez le partage.

Originairement ce mot ne signifioit autre chose que vanner, ou jeter en haut avec le van.

BERNÉ, ÉE. part. Jactatus in altum, irrisus, illusus. Les cris affreux que faisoit le misérable berné, allèrent jusqu’aux oreilles de son maître. D. Quich.