Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BERNIESQUE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 867).
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BERNIESQUE. s & adj. m. Ludicrus, scurrilis. C’est une espèce de style burlesque, qui diffère pourtant du burlesque ordinaire, en ce qu’il est un peu moins négligé, & qu’il demande un peu plus de génie. Ce mot vient du Berni ou Bernia, Poëte italien du seizième siècle, qui fit son Orlandino dans ce style, & qu’il publia sous le faux nom de Limerno Pitocco da Mantoa. Baillet s’est trempé lorsqu’il a cru que le style berniesque étoit un style ampoullé. Aussi M. de la Monnoye l’en a t-il repris. Le style berniesque, dit-il, étant un style goguenard, négligé en apparence, comme celui d’Horace, mais d’une négligence qu’il n’est pas aisé d’attraper, n’est rien moins qu’ampoullé. Le P. Chérubin Bozzome, Jacobin, a publié des berniesques : mais il l’a fait sous le faux nom de Buonchier, pour ne pas deshonorer son habit. On dit : je viens de lire, je viens de composer du berniesque. Le berniesque est difficile à attraper. Dans ces occasions il est substantif ; mais lorsqu’on le joint au mot style, il devient adjectif. La première manière du style burlesque des Italiens, est semblable à la nôtre, & a été, si non trouvée, au moins premièrement pratiquée avec réputation par un Chanoine de Florence, natif de Bibiena, sur la cime des Alpes, & nommé Francesco Bernia, qui mit l’Orlando inamorato dell’Ariosto en vers burlesques ou berniesques, & fit plusieurs Capitoli, comme disent les Italiens, de même style. Masc. p. 216.