Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BESANT, ou BESAN

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 870).
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BESANT, ou BESAN. s. m. Nom d’une espèce de monnoie qui a été d’abord battue, du temps des Empereurs, à Constantinople, qu’on appeloit autrefois Byzance : elle étoit d’or pur, ou de 24 carats. On en présentoit treize à la Messe du Sacre des Rois, & Henri II en fit battre treize expressément pour cela, qui furent nommés byzantins. Ceux-là valoient un double ducat la pièce. On ne sait pourquoi nos Princes se servoient d’une monnoie étrangère dans leur Sacre. Quelques-uns ont cru que c’est parce qu’ils n’en faisoient point frapper d’or ; mais on en a plusieurs d’or de Hugues Capet & de Robert, &c. Le Blanc conjecture qu’en ce temps-là on donnoit le nom de besant à toute monnoie d’or, quoiqu’elle ne fût pas frappée à Constantinople, comme dans la suite on donna le nom de florin généralement à toutes les espèces d’or, quoiqu’elles ne fussent pas de Florence, où l’on prétendoit que le florin avoit pris son origine. Et ce qui pourroit appuyer cette conjecture, c’est que les Sarrazins appeloient leur monnoie d’or besant, bien qu’elle ne fût pas fabriquée à Constantinople. Quoiqu’il en soit, les besans ont eu long-temps cours en France, & il en est parlé dans plusieurs anciens titres depuis 1148 jusqu’à 1297. Le Blanc les a cités pag. 170. Le Roman de la Rose en parle plus d’une fois, & de manière à faire voir que c’étoit la monnoie d’or la plus usitée en France. Cependant, comme il n’en est fait mention dans aucune des Ordonnances de Philippe le Bel, le Blanc conjecture encore que besant étoit un terme général que le peuple donnoit à toutes les monnoies d’or.

On est en doute de la valeur du besant ancien. Ragueau & Baquet l’évaluent à 50 livres. Le Sire de Joinville dit qu’on demanda pour la rançon de S. Louis, deux cent mille besans d’or, qui valoient cinq cent mille livres, c’est à raison de 50 sous pour chacun. Dans plusieurs titres d’abonnemens de fief, le besant n’est apprécié qu’à 20 sous. Dans un compte des Baillifs de France de l’an 1297, le besant est évalué a 9 sous. Le denier tournois étoit alors à 1 denier 6 grains de loi, à la taille de 200 au marc ; ainsi il valoit de notre monnoie courante quatre deniers & un quart de denier ; & par conséquent le besant vaudroit 21 sous, 3 deniers de la monnoie d’aujourd’hui. Le Blanc.

Dans un vieux titre du commencement du XIIIe siècle cité dans les Act. Sanct. Maii, Tom. I, p. 64, par le P. Papebrock, on lit besond au lieu de besant. Et promittuntur pro pretio viginti tria scuta in saluts, testarts, & besonds soluenda. Et dans l’Index Onomasticus, on dit que c’est la même chose que besant, besond, byzantinus, genus pecuniæ ; mais à la pag. 65 de l’ouvrage, le P. Papebrock prétend que besons signifie jumeaux, gemelli, & que cette monnoie fut ainsi appelée, parce qu’il y avoit deux têtes ; de même, dit-il, que l’on appelle baisoir la monnoie d’or de l’Archiduc Albert & d’Isabelle, parce que leurs têtes y sont, & qu’elles semblent se baiser.

BESANT. s. m. Terme de Blason. C est une pièce de métal ronde & pleine, dont on charge l’écu, à la différence des tourteaux qui sont de couleur, & des cercles & anneaux qui sont à jour. Byzanti nummi. Messieurs Du Puy portent d’or à la bande d’azur chargée de trois besans d’or. Les Paladins François mirent sur leurs écus de ces sortes de besans, pour faire voir qu’ils avoient fait le voyage de la Terre-Sainte.

On appelle besant-tourteau, celui qui est parti moitié de métal, & moitié de couleur.

Les Espagnols confondent les besans & les tourteaux, & les appellent indifféremment roeles. Plusieurs appellent les besans d’argent plates, ce qui vient du met espagnol plata, qui signifie argent. Upton nomme les besans d’or talens, & ceux d’argent palets. Il y a aussi des besans saracéniques.