Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BIENVEILLANCE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 896).

BIENVEILLANCE. s. f. Affection, bonne volonté qu’on a pour quelqu’un, disposition à lui faire du bien. Benevolentia. Il ne se dit que du supérieur à l’égard de l’inférieur. L’Orateur dans son exorde doit gagner la bienveillance de ses auditeurs. Un serviteur qui a la bienveillance de son maître. Je vous demande, Monsieur, l’honneur de votre protection & de votre bienveillance. Voiture.

☞ Les Encyclopédistes définissent la bienveillance, un sentiment que Dieu imprime dans tous les cœurs, par lequel nous sommes portés à nous vouloir du bien les uns aux autres. Il n’est aucun homme qui n’en porte dans le cœur les sémences prêtes à éclore en faveur de l’humanité & de la vertu, dès qu’un sentiment supérieur n’y fait point d’obstacle. N’est-ce pas là donner une signification trop étendue à la bienveillance, & la confondre avec l’humanité qui est précisément cet intérêt que les hommes prennent au sort de leurs semblables, en général, en considération seulement de leur simple qualité d’hommes, & sans leur être unis par les liens du sang, de l’amour ou de l’amitié ? Cette affection pour les hommes en général est la source de toutes les vertus sociales. La bienveillance qui en découle, paroît avoir un objet déterminé. L’usage d’ailleurs a voulu que le mot de bienveillance ne se dit que du supérieur à l’égard de l’inférieur. Le Prince honore quelqu’un de sa bienveillance. Nous avons de la bienveillance pour ceux qui se trouvent placés au dessous de nous, & ils cherchent à se concilier notre bienveillance.

L’impôt de la bienveillance inventé en Angleterre par Edouard IV, supprimé par Richard III, & rétabli par le Parlement, sous Henri VIII, étoit une taxe à laquelle chacun se cottisoit à proportion selon son revenu. Larrey. C’est ce que nous pourrions appeler en France Don gratuit, si ce terme n’étoit pas affecté par l’usage aux contributions que le Clergé s’impose.