Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BIGRE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 900-901).
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BIGRE. s. m. Apiarius. C’est le nom que l’on donnoit autrefois à de certains particuliers riverains des forêts, qui avoient soin d’y chercher des abeilles, de les rassembler, & de les élever dans des ruches, pour y faire du miel & de la cire. Les Bigres avoient le droit de couper & d’abattre les arbres où elles se trouvoient, à leur profit, sans en pouvoir être recherchés. Depuis en étendant ce pouvoir, ils avoient le droit de prendre dans les forêts tout le bois dont ils avoient besoin pour leur chauffage ; c’est pourquoi on les appeloit dans quelques endroits Francs Bigres. Le Roi ayant supprimé tous les droits de chauffage par son Edit de 1669, aux exceptions y portées, les Bigres qui n’avoient d’autres titres que l’usage, furent annéantis. On voit dans le Mercure de Février de 1729, une explication du mot bigre. L’Auteur tire l’étymologie de ce nom du mot latin apiger, qui signifie, qui gouverne les mouches, ou d’apicurus, qui a soin des abeilles. Il dit qu’on a retranché l’A du premier mot, & que de Piger qui reste, en changeant le P en B, comme il est arrivé fort souvent, on a fait Biger, & Bigre en françois ; ou que d’apicurus, en retranchant pareillement l’a, on a fait de picurus qui reste, picrus par contraction, puis Bicrus, en changeant P en B, comme en Piger, & que de Bicrus on a fait Bigrus, puis le mot françois Bigre. Il rapporte plusieurs chartres, & veut prouver grammaticalement, que le mot Bigre rendu en latin dans ces titres par Bigrus par corruption, signifie celui qui a soin des abeilles.

BIGRE, ESSE. s. m. & f. Mot injurieux parmi la populace.