Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BLATIER

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 926).

BLATIER. s. m. Marchand qui va acheter du blé dans les greniers de campagne, pour le transporter & le revendre dans les marchés des villes & gros bourgs. ☞ Celui qui achète le blé, disent élégamment les Vocabulistes, sur les greniers de campagne ou sur quelques marchés, pour l’exposer sur d’autres marchés. Frumentarius. Il y avoit à Paris, au temps de saint Louis, une Communauté de Blâtiers, & ce Prince leur donna des Statuts, comme à tous les autres corps des Marchands & Artisans. M. de la Mare les rapporte dans son Traité de la Police, Liv. V, tT. II, c. 2. Il y a plus de trois siècles que ceux qui composent cette ancienne Communauté, à Paris, ont été réduits à ne vendre des grains qu’à petite mesure ; qu’ils se trouvent nommés dans les Règlemens, Revendeurs de grains, Regratiers, ou Grainiers ; & que ceux qui font le grand commerce, ont pris le nom de Marchands de grains. Ainsi le nom de Blâtier est demeuré à certains petits Marchands forains, qui vont avec des chevaux ou des ânes, chercher du blé dans les campagnes éloignées des grandes villes & des rivières, & l’amènent à somme dans les marchés de proche en proche, jusqu’à ce qu’il soit arrivé aux lieux où il s’en fait une plus grande consommation ; ou bien, proche des rivières, où ils le vendent aux Marchands qui chargent pour les provisions des grandes villes. De la Mare. Traité de la Police, Liv. V, T. VI. L’on a autrefois agité la question sur ce commerce de Blâtiers, s’il étoit plus utile que dangéreux au public. Id. ibid. Où il rapporte le pour & le contre.

Ce mot s’est fait de bladum, blé ; d’abord on a dit Bladier, & puis, par le changement du d en t, qui arrive souvent, Blatier, & pour rendre l’a long, Blâtier.