Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BOGOMILES ou BOGARMITES

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 938-939).
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BOGOMILES, ou BOGARMITES. Bongomili, Bogomilii. Noms de certains hérétiques qui parurent dans le XIIe siècle. Leur chef, appelé Basile, fut pris & brûlé par ordre de l’Empereur Alexis Comnène. Les Bogomiles étoient une espèce de Manichéens, ou plutôt une branche des Pauliciens. Ils nioient le mystère de la sainte Trinité, & disoient que Dieu avoit une forme humaine ; que le monde avoit été créé par les mauvais Anges ; que l’Archange Michel s’étoit incarné : ils rejetoient les livres de Moyse, & ne reconnoissoient que sept livres de la sainte Ecriture. Le culte des images leur paroissoit être une idolâtrie : ils méprisoient la Croix, parce qu’elle avoit été l’instrument de la mort du Sauveur. Ils assuroient que l’Oraison dominicale étoit l’Eucharistie ; que le Baptême de l’Eglise Catholique étoit celui de Saint Jean, & que le leur étoit celui de Jésus-Christ ; que tous ceux de leur secte concevoient le Verbe comme la sainte Vierge ; enfin, qu’il n’y avoit point d’autre résurrection que la pénitence. Voyez Euthymius Zigabéne dans sa Panoplie dogmatique, Baronius & Sponde à l’an 1118.

Du Cange dit que le nom de Bogomile vient de deux mots de la langue des Bulgares, Bog, Deus, Dieu ; & milui, en latin miserere, ayez pitié ; ainsi Bogomile veut dire celui qui implore la miséricorde de Dieu.