Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BORÉE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 970-971).
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BORÉE. s. m. Mot poétique, pour dire, vent septentrional, bise, vent du nord. Boreas. Ce vent est froid, sec ; il rend l’air pur & serein. Voyez : Vent.

Le mot Borée vient du mot latin boreas, & celui-ci vient du grec Βορέας, dont on rapporte différentes étymologies. Quelques-uns le font venir de Βοὴ, clamor, bruit, à cause du bruit que fait ce vent ; d’autres le dérivent de Βόρα, esca, nourriture, parce que ce vent donne de l’appétit, qui est une envie de prendre de la nourriture ; ou parce qu’il est bon pour les biens de la terre, qui font notre nourriture. Ces étymologies paroissent forcées : celles que Martinus en rapporte seulement par conjecture, pour être plus savantes & plus recherchées, ne sont pas plus naturelles. Il dit que ce mot vient peut-être des mots hébreux birjah qui signifie cibus, nourriture ; beri, qui veut dire. serenitas, sérénité ; bor, c’est-à-dire, puritas, pureté ; bar, qui est la même chose que frumentum, blé.

Les Anciens ne faisoient venir le Borée que de la Thrace ; mais c’étoit une erreur dont Cluvier montre les causes. Germ. Ant. L. I, p. 15. Les Athéniens érigèrent un autel à Borée. Voss. de Idol. L. III, c. I. M. Sperlingius a fait un livre sur le Borée & ses louanges, Boreas ejusque laudes, Hasniæ, 1707. Quoiqu’il s’étende souvent en général sur le Septentrion, son principal sujet est le Borée ; il y montre qu’on l’a regardé comme un Dieu dans l’Antiquité ; il parle des sacrifices, des jeux, des festins, des fêtes qu’on faisoit en son honneur, il dit qu’il purifie l’air, & qu’il lui donne la sérénité & la salubrité ; qu’il empêche les édifices de se pourrir ; qu’il chasse la peste & les autres maladies ; qu’il emporte & jette dans la mer les sauterelles qui ravagent les campagnes. Il prétend que les étésies viennent du Nord. On prend communément le borée, dit le P. Pezron, pour le vent du Septentrion ; mais anciennement on le regardoit avec raison comme le vent du Nord-est qui vient du Levant d’été, & qui souffle entre l’Orient & le Septentrion. Il ajoute que ce mot est formé sur le Borée des Celtes, qui veut dire, le matin ; parce que le matin, ou la lumière la plus grande de l’été, venoit d’entre l’Orient & le Septentrion, d’où ce vent ordinairement souffloit vers ce temps-là.