Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BOUQUIN

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 4-5).
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BOUQUIN. s. m. Vieux boux. Hircus. On appelle aussi Bouquins, les mâles des lièvres & des lapins.

On appelle figurément un vieux bouquin, un vieux débauché, fort adonné aux femmes.

☞ Dans la fable on donne le nom de Bouquins aux satyres, parce qu’on les représente avec la figure de bouc depuis la ceinture jusqu’en bas.

Cornet à Bouquin. C’étoit autrefois une grande flûte de paysan. Cornu musicum. Elle sert maintenant dans les chœurs de musique des Eglises. Voy. au mot Cornet.

Ménage dérive ce mot de buccinum, qu’on a dit pour buccina.

On appelle aussi de vieux livres dont on fait peu de cas, de vieux bouquins. Vilis & obsoletus codex.

Ce mot vient de l’allemand buck, ou bouc, qui signifie un livre, & parce que les premiers livres imprimés nous sont venus de ce pays-là, on a appelé bouquins les vieux livres. Voyez Naudé dans le Mascura, p. 172. Lipse croit que l’Allemand vient du Latin buxus, parce que le buis servoit à leur reliûre. Le P. Kirker, Œd. Æg. T. 2. p. 6, en rapporte une étymologie plu vraisemblable. Il dit qu’on écrivoit autrefois dans le Septentrion sur des tablettes de hêtre, qui dans les langues septentrionales s’appelle Buch, buchbamub ; que c’est de-là qu’ils ont aussi appelé un livre buech, & bûcher au pluriel. Car pour l’étymologie de Guichard, qui le tire de l’hébreu כתב, Catab, Ferire, d’où en transposant les lettres s’est fait בכת, bacath, & de-là en grec ποχτὸς & πυχτὶς, libellus, tabula, epistola, duquel ποχτός a été retenu en latin pictacium ; & dont s’est formé en allemand buch, book en anglois, boeck en flamand, liber, quasi scriptum : pour cette étymologie, dis-je, elle ne paroît pas recevable quant à l’hébreu ; & quand au reste, celle du P. Kirker est plus vraisemblable.

Reprenons un style nouveau,
Laissons la langue marotique,
Bouquins, rentrez dans le tombeau.

Bouquin, en latin Hirculus. Espèce de nard bâtard. Voyez Spica-nardi.

On dit proverbialement, sentir le bouquin ; pour dire, sentir mauvais. Ce mot se dit particulièrement des aisselles, lorsqu’il en sort une odeur forte, comme celle d’un bouc. Olere hircum.