Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BRITANNIQUE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
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BRITANNIQUE. adj. qui est de la Grande-Bretagne, ou qui y appartient. Britannicus. L’Océan Britannique, c’est la Manche ou le Pas de Calais. Les Iles Britanniques sont la Grande-Bretagne, l’Irlande, les Sorlingues, les Orcades, & les autres qui sont autour de celle de la Grande-Bretagne.

Britannique, a été aussi dans l’antiquité un surnom de Minerve, parce qu’elle présidoit aux fontaines de la Bretagne, dit Solin, ch. 24. Ç’a été aussi le surnom de quelques Empereurs, qui avoient fait des expéditions dans la grande-Bretagne. Les Antiquaires avoient cru que Sévére n’avoit eu le surnom de Britannique que la dernière année de son empire ; mais M. Bately, Archidiacre de Cantorberi, a produit une médaille de cet Empereur, où ce surnom est joint à sa seconde puissance Tribunicienne. Voyez ses Antiquitates Rutupinæ. Caracalla a porté le surnom de Britannique. Une belle médaille de grand bronze du cabinet de M. de Boze a pour légende du côté de la tête. M. Avr. Antoninus Pius Aug. P. B. G. Max. C’est-à-dire, Persicus, Britannicus, Germanicus, Maximus, au revers Aeternum Beneficium… Un boisseau d’où il sort quelques épis de bled. C’est peut-être une médaille unique.

Britannique, ou Herbe Britannique. Sorte de plante qui avoit été fort célèbre jusque vers le milieu du VIIIe siècle, que les Goths & les Normands inondant la Frise, les sciences & les arts ayant été abolis, la connoissance de l’herbe Britannique se perdit aussi. Dioscoride, Pline, Galien, & d’autres, la font semblable au lapas sauvage, appelé par les Latins Rumex. Un Médecin de Groningue, nommé Munting, a fait un traité De vera antiquorum herba Britannicâ, où après avoir distingué vingt-sept sortes de lapas, il conclut que le lapas sauvage à longues feuilles noires qui naît dans les marécages, ou l’hydrolapas noir, est la véritable herbe Britannique des Anciens, & qu’ainsi on a mis mal-à-propos à sa place la Bistorte, la Tormentille, la Bétoine, la Cochlearia, le Plantin aquatique, &c.

Il prétend que ce nom vient des mots Frisons Brit, qui signifie consolider, affermir ; & Tan, qui veut dire dent, & de ica, ou hica, c’est-à-dire éjection ; de sorte que c’est à cause des effets qu’elle produit qu’elle a été appelée Britannica, c’est-à-dire, herbe des parties solides, principalement des dents, qu’elle a la vertu de consolider & affermir, aussi-bien que de remédier à la maigreur & flux de ventre, qui sont des symptômes assez ordinaires au scorbut, qu’elle guérit aussi.