Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BRODEUR

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 85).
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BRODEUR. s. m. Artisan qui fait de la broderie. Phrygio, Phrygii operis artifex. Ces bandes de tapisserie ont été appliquées par le Brodeur sur cette étoffe. ☞ L’on ne comprend sous le nom de Brodeurs que les ouvriers qui ornent les étoffes d’ouvrages de broderies. Les femmes qui brodeur le linge ne sont point de la communauté des brodeurs.

Ce mot est : venu par transposition de Bordeur, parce qu’on ne brodoit autrefois que le bord des étoffes. On ne mettoit des embellissemens que sur les bords ; d’où vient que les Latins les ont aussi appelés Limbularii. Du Cange dit qu’autrefois on disoit aurobrustus ; pour dire, bordé d’or, ou brusdus, brudatus & brodatus. C’est la remarque du P. Papebrok sur ces mots des actes de S. François de Paule, Quidam homo, quem Brodatorem Regis vulgò nuncupabant. Acta SS. April. T. I, p. 159. Voyez aussi Pasquier, Rech. de la Fr. Liv. VIII, Chap. 62.

On dit proverbialement ; autant pour le Brodeur, pour se moquer d’un homme qui fait un conte à plaisir ; comme si on disoit, pour le bourdeur, qui nous donne des bourdes, des menteries, qui brode des contes.

L’invention de la broderie est : attribuée aux Phrygiens. Les Latins même ont appelé les brodeurs, Phrygiones.