Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BRUME

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 96).
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BRUME. s. f. Terme de Marine. C’est ainsi qu’in nomme un brouillard épais : & on appelle un temps embrumé, quand l’air est couvert de brouillars. Nebula. On dit sur la mer que dans le temps de brume tout le monde est matelot ; parce que dans le temps d’un brouillard épais, chacun dit son sentiment pour la route.

Brume. On donne encore le nom de brume à une certaine vapeur, à un certain brouillard qui s’éleve sur les cascades ou cataractes des eaux. La brume que forme la cataracte du fleuve Niagara, est si élevée, qu’on l’apperçoit de cinq lieues ; & lorsque le Soleil paroît, on voit toujours un bel arc-en-ciel dans cette brume. M. l’Abbé de Chaulieu, en parlant des avantages dont joüit l’Île de Cythère, p. 39 du 2e tom. de ses Œuvres de l’édit. de 1733 dit que

Là jamais ni brouillard, ni brume,
N’obscurcit la clarté du jour,
Et jamais dans ce beau séjour
N’enfanta catharre, ni rhume. Chaulieu.

Ce mot vient du grec βραχεῖα ἠγέρα. Jos. Scaliger dit que ce mot vient de Bromius Bacchus, dont les sacrifices se faisoient environ le solstice d’hiver. Le mot bruma signifioit le plus court jour de l’année.