Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CABARET

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 128).
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CABARET. s. m. Lieu où l’on vend du vin en détail. Caupona, popina, taberna. On confond aujourd’hui ce mot avec celui de taverne. ☞ Autrefois dans les tavernes on ne vendoit que du vin, sans y donner à manger ; au lieu qu’on donnoit à manger dans les cabarets. De-là les mots tabernæ & popinæ chez les Romains. Maintenant les professions d’Hôtelliers, de Cabaretiers & de Taverniers sont confondues.

☞ Il semble que dans l’usage ordinaire, le mot de taverne dise quelque chose de plus odieux que celui de cabaret.

Ménage croit que ce mot vient de capretum, qui a été fait du grec κάπη, qui signifie lieu où l’on mange. Adrien Scriek dérive ce mot de cabaret de l’hébreu cabar, חבר, assembler, réunir, parce qu’on s’assemble dans les cabarets, sur-tout lorsqu’on est en voyage.

On appelle cabaret borgne, un méchant cabaret qui n’est fréquenté que par de pauvres gens, qui est obscur, mal propre, & mal servi.

On dit proverbialement & populairement qu’il y a du vin au cabaret à tout prix ; pour dire, qu’il faut faire la différence entre les choses, & qu’il y en a de diverse valeur. On dit aussi qu’un homme fait de sa maison un cabaret ; pour dire que tout le monde est bien venu à boire & à manger chez lui.

Cabaret. Espèce de petite table, ou plutôt plateau, dont les bords sont relevés, ordinairement couvert de vernis, sur lequel on met des tasses & des soucoupes, pour prendre du thé, du café, &c. Un cabaret de la Chine, du Japon.

Cabaret. Terme de Botanique. Asarum. s. n. Plante dont les racine est menue, traçante & fibreuse. Son odeur est très-forte, aromatique, tenant de le grande Valeriane & du Nard Indien ; c’est ce qui empêche de la joindre aux fleurs dont on forme des bouquets ; & c’est par cette raison qu’on la nomme Asarum, de l’a privatif, & de σαίρω, orno, ἄσαρος, non ornatus. Ses feuilles naissent des nœuds de la racine ; leur contour est pareil à celui de l’oreille extérieure, d’où vient le nom d’oreille d’homme, que quelques Botanistes ont donné à l’Asarum. Elles sont d’un vert foncé en dessus, plus pales en dessous, & sont portées par des queues qui ont deux à trois pouces de longueur. Ses fleurs naissent du même endroit que les feuilles, mais leur pédicule n’a guère qu’un pouce de longueur. Ces fleurs sont d’une seule pièce à six pans, d’un vert brun, tirant sur le rouge, longues de six lignes environ jusque vers son évasement, où elle se décharge en trois quartiers pointus, longs de quatre lignes ; teintes en dedans d’un rouge brun foncé. Cette fleur renferme plusieurs étamines, & un pistil qui devient, conjointement avec la fleur qui s’y colle, un fruit contenant six ordres de semences, semblables en quelque façon à des pépins de raisins.

Les racines de Cabaret entrent dans la Thériaque : données en substance, ou infusées dans du vin, elle sont vomir ; au lieu qu’étant mises en décoction dans de l’eau, elle deviennent diurétiques. Ses feuilles purgent encore plus violemment que ses racines.

Il y a une espèce de Cabaret qui croît en Canada, & qui n’est guère différent de celui d’Europe que par ses feuilles, qui quoiqu’arrondies se terminent en pointe. Ses racines ne sont pas vomitives, & son odeur n’est pas si désagréable. Le cabaret croît en plusieurs endroits du Royaume.