Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CAFARD

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 146).
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CAFARD, ARDE. adj. Souvent employé substantivement. Bigot, hypocrite. Il se dit particulièrement des gens qui font leurs affaires sous prétexte de religion, en abusant de la simplicité & de la confiance des autres. Religionis, probitatis simulator. Vanæ pietatis affectator, hypocrita. Il a l’air cafard, l’humeur cafarde. C’est un vrai cafard.

Ménage dérive ce mot de l’Arabe caphar, qui se dit par les Arabes proprement d’un homme, qui de Chrétien s’est fait Turc, ou de Turc Chrétien. Il a été fait de l’Hébreu caphar, qui signifie renier. כפר. Caphar en Arabe, signifie aussi un infidèle, un impie. Les Turcs & les Arabes, d’après l’Alcoran, donnent ce nom aux Chrétiens. Les Anciens ont eu une espèce de couverture de tête qu’ils appeloient caphardum. Du Cange.

Ce mot vient apparemment des Arabes. Cafara, signifie en leur langue nier, d’où les Rabbins ont sans doute pris leur verbe cafar pour dire nier ; le Targum de Jérusalem s’en sert souvent en ce sens-là. Ces mêmes Rabbins appellent un Renégat Caferan. Consultez le Dict. Rabbinique de David de Pomis, & le grand Dict. de Buxtorf.. Quelques-uns croient qu’on a aussi donné le nom de Cafres aux peuples d’Afrique, qui habitent vers le Cap de Bonne-Espérance ; parce qu’ils n’ont aucune religion.

Cafard, se dit d’une espèce de damas ou de satin. Damasceni operis bombycinus pannus. Le véritable damas cafard est tout de fil ; mais le damas cafard ordinaire est celui dont la trame est seulement de fil, & les chaînes de soie, & qui se manufacture en Flandres.