Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CAILLOU

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 158-159).
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CAILLOU. s. m. Petite pierre dure, & quelquefois polie & luisante. Silex, scrupus. On l’emploie avec le ciment à paver les aqueducs, les grottes & les bassins de fontaine. On s’en sert aussi pour les ouvrages de mosaïque ; & pour cela on la scie, & on la polit.

☞ On peut diviser les cailloux en quatre articles, les cristallisés, les transparens, les opaques & les communs. Les cailloux cristallisés, formés d’une matière vitrée, sont fusibles, & forment avec la soude la matière des glaces. Il y en a de deux espèces. La première est des Cailloux cristallisés, incorporés l’un dans l’autre ; dont l’un qui sert de noyau à l’autre, paroît d’une nature bien différente, étant seul cristallisé. La seconde espèce est creuse en dedans, & n’offre qu’une caverne congelée & brillante par la cristallisation. C’est ce qu’on appelle cristal de cailloux. Cette cavité est d’une matière plus fine & plus serrée que la croute de dessus. On en tire de différens endroits.

☞ Les cailloux transparens sont pleins partout de la même matière. Ils imitent le diamant, & surpassent souvent le cristal de roche en blancheur, en netteté & par le feu qu’ils jettent comme ceux du Rhin & quantité d’autres.

☞ Les cailloux opaques sont formés d’une matière sablonneuse. Il y en a qui peuvent se polir & d’autres qui ne le peuvent pas. Les cailloux d’Orient, quoique pleins & opaques, sont d’une nature très-fine ; leurs couleurs, leurs veines & leurs marbrures les font rechercher : on les polit parfaitement, ainsi que ceux d’Angleterre & autres.

☞ Les cailloux opaques de la seconde espèce sont ceux dont le grain trop gros ne permet pas qu’on les polisse facilement, quoiqu’ils soient composés d’une matière très-dure. Ces cailloux sont pleins en dedans & unis en dehors, sans aucuns pans ni angles, le plus souvent ronds.

☞ Les cailloux communs se divisent en ceux qui, frapés les uns contre les autres, ou contre le fer, font du feu, & ceux qui n’en font point. Les premiers sont les galets, les pierres à fusil & les cailloux des vignes.

☞ Les galets sont des cailloux ronds qu’on trouve au fond des rivières, sur la greve des mers & des fleuves. On les casse pour en tirer du feu.

☞ Les pierres à fusil, ou silex, sont aussi dures que les autres cailloux. Elles sont de couleur blanche, grise ou rousse, avec une croute raboteuse par-dessus. Il y en a qui étant cassées, représentent des figures informes, des têtes & des parties d’animaux.

☞ Le Silex qui est blanc & transparent, & de la nature de la corne, se nomme pyrimachus. S’il n’est propre qu’à faire du feu, c’est un pyrite. Quand il noircit en formant des veines argentées, il prend le nom d’argiromelanos.

☞ Les cailloux des vignes, ainsi que ceux qui frottés les uns contre les autres, ne font point de feu, ne sont presque d’aucune usage.

Il est rapporté dans les nouvelles Littéraires de la mer Baltique qu’il y avoit à Helmstad un homme qui avoit le secret d’amollir les cailloux les plus durs, & d’y imprimer comme sur la cire les figures qu’il vouloit ; qu’il s’étoit souvent servi de son secret en temps de guerre, pour enfermer son argent dans des pierres, auxquelles il rendoit ensuite leur première dureté.

Eau de Caillou. On appelle eau de Caillou, une certaine eau forte préparée, dont il est parié dans le Journal des Savans de 1677, & sur laquelle on voit végéter les métaux, comme un arbre qui croît à vue d’œeil,& s’étend en plusieurs branches dans toute la hauteur de l’eau. Rhodes Canasse, Chymiste Grec, est l’inventeur de ce secret.