Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CALLIGRAPHE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 178).
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CALLIGRAPHE. s. m. Ecrivain, Copiste, qui mettoit autrefois au net ce qui avoit été écrit en notes par les Notaires. Ce qui revient à peu près à ce que nous exprimerions maintenant ainsi, celui qui fait la grosse d’une minute. Calligraphus. Autrefois on écrivoit la minute d’un acte, le brouillon ou le premier exemplaire d’un ouvrage, en notes ; c’est-à-dire, en abréviations, qui étoient une espèce de chiffre ; telles sont les notes de Tiron, qui sont dans le second Tome de Gruter. Cela se faisoit pour écrire plus vite, & pouvoir suivre celui qui dictoit. Ceux qui écrivoient ainsi en notes s’appeloient en latin Notaires, & en grec Σημειογράφοι & Ταχυγράφοι ; c’est-à-dire, Ecrivains en notes, & gens qui écrivent vite. Mais parce que peu de gens connoissoient ces notes, ou ces abréviations, que d’ailleurs ces premiers exemplaires ne pouvoient être assez nets ni assez propres ; d’autres Ecrivains qui avoient la main bonne, & qui écrivoient bien &c proprement, les copioient pour ceux qui en avoient besoin, ou pour les vendre ; & ceux-ci s’appeloient Calligraphes, nom qui est ancien, puisqu’Eusèbe, au Ch. 17, du VIe livre de l’Histoire Ecclésiastique, & S. Grégoire de Nazianze le leur donnent. Il est aussi parlé dans quelques Conciles de ces Notaires &c de des Calligraphes, comme dans le IIe. de Nicée. Néophyte & Théopempte sont d’anciens Calligraphes du Xe & XIe siècles. Le P. Montfaucon a donné un catalogue alphabétique de tous les Calligraphes connus. C’est dans sa Palæographie, L. I, c. 8.

Ce mot Calligraphe, est grec, composé de κάλλος, beauté, & de Γράφω j’écris ; & signifie εἰς κάλλος γράφω, Qui écrit pour la beauté, pour l’ornement, selon que l’interprète Théophilacte Simocatta, Historiar. L. VIII, c. 13, ainsi que l’a remarqué Fabrot, & après lui le P. Montfaucon. Voyez, sur les Calligraphes les Glossaires de Fabrot sur Téophilacte Simocatta, & sur Cedrenus, & le P. Montfaucon, Palæogr. L. I, c. 5, 6, 7, 8.