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Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CAMOMILLE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 191-192).
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CAMOMILLE. s. f. Terme de Botanique. Chamæmelum. Plante ainsi appelée à cause que quelques-unes de ses espèces ont une odeur qui approche de celle de la pomme. Chamæmelum quasi humile malum. On distingue la camomille en celle qui a une odeur aromatique agréable, & qu’on nomme camomille Romaine ou véritable camomille, & celle qui n’est point d’une bonne odeur, & qu’on appelle maroute ou camomille puante. La camomille Romaine, Chamæmelum Romanum, nobile, odora tum, & leucanthemum odoratius, a ses racines fibreuses & chevelues, d’où partent quelques tiges, menues, cannelées, velues, & plus souvent couchées sur terre, longues environ d’un pied, & qui donnent dans une partie de leurs longueurs plusieurs fibres ou racines qui se plongent en terre & servent à multiplier ou à étendre cette plante. Ses feuilles sont comme aîlées & composées de plusieurs pinnules ou segmens fort courts, fort découpées & finement, & elles sont vertes, quelquefois blanchâtres, d’une odeur de drogue qui n’est point si désagréable, & sont attachées assez près les unes des autres, aux tiges, dont l’extrémité est terminée par une fleur radiée, composées de fleurs jaune-pâle dans son centre, & de demi-fleurons blancs dans sa circonférence. Le calice qui soutient cet amas de fleurons & de demi fleurons, est écailleurs. Ses semences sont menues, oblongues, nues, & sans aigrettes. Cette espèce de camomille se trouve quelquefois à fleurs doubles ; c’est-à-dire, que ses fleurons s’allongent & changent de couleur. On la cultive dans les jardins. La camomille Romaine est commune à la campagne, où elle change un peu de figure, suivant que le terrain dans lequel elle naît, est plus ou moins humide, ou exposé aux rayons du soleil. Mais son odeur & la découpure de ses feuilles la font assez reconnoître. On fait en Médecine un grand usage de ses fleurs qui sont résolutives, carminatives, apéritives &é fébrifuges. On l’emploie en fomentation, en cataplasme, pour dissiper les tumeurs aqueuses & venteuses, en décoction dans les lavemens, pour la colique ; & la poudre est un fébrifuge usité dans plusieurs endroits. La camomille puante, ou la maroutte, a des racines fibreuses, blanchâtres, & chevelues : elle donne une tige, quelquefois plusieurs, hautes d’un pied, menues, tant soit peu velues, garnies de feuilles alternes, découpées en plusieurs segmens, déchiquetés fort menu, lisses, épaisses, pleines de suc d’une odeur fétide, & d’un vert pâle. Des aisselles sortent des branches chargées de pareilles feuilles, & terminée par une fleur radiée comme la précédente, & qui n’en diffère que par ses demi-fleurons qui sont plus amples, & par son odeur désagréable. On se sert de la maroutte pour appaiser les douleurs des hémorroïdes.