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Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CANNELIER ou CANELLIER

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 212-213).

CANNELIER ou CANELLIER. s. m. Canellifera arbor. Arbre dont l’écorce nous est connue sous le nom de Cannelle. Sa racine est branchue, assez considérable ; & d’une odeur de Camphre. Son tronc est plus ou moins gros suivant son âge, & se divise en plusieurs branches, qui donnent plusieurs rameaux longs, droits, sans nœuds, & qui sont chargées de feuilles alternes le plus souvent, opposées quelquefois ; semblables à celles du laurier, mais plus grandes, plus arrondies à leur base, terminées en pointe à leur extrémité, relevées de trois nervures parallèles, qui parcourent toute leur longueur : leur goût est piquant, & approche un peu de celui de son écorce. Ses branches sont terminées par des bouquets de petites fleurs à cinq ou six pétales chacune, blanchâtres ; & d’une odeur agréable. Leurs fruits qui sont renfermés en partie dans une calote à cinq ou six pointes obtuses, charnue, verdâtre & picotée de point blanchâtres, leurs fruits, dis-je, sont ovales, de la figure d’un gland de chêne, verdâtres d’abord, puis noirâtres dans leur parfaite maturité, & le bois de cet arbre n’a pas beaucoup de goût ; il n’y a que l’écorce du milieu, ou la seconde écorce, que l’on détache des troncs des arbres, qui n’ont que six ans ; & que l’on sépare de la première écorce extérieure, qui est grisâtre. Cette écorce du milieu, qui est proprement la cannelle, n’est pas haute en couleur, ni si piquante au goût, ni même roulée lorsqu’elle est fraîche ; elle est au contraire blanchâtre, d’un goût piquant & est platte. Ce n’est qu’en se desséchant qu’elle se roule, & qu’elle devient plus rouge. Tavernier décrit fort au long la manière dont les Hollandois tirent la cannelle dans l’Ile de Céylan, d’où vient la meilleure. Il parle encore du camphre, que donne la racine du cannelier, par le, moyen de la distillation, & d’une huile qu’on tire de ces fruits ; qui se fige, & devient ferme comme de la cire. Pison en fait aussi mention dans son Mantissa. Aromatica. Outre le cannelier de Céylan, on en trouve dans le Malabar deux autres espèces qui different de celui-ci par leurs écorces bien moins piquantes. On croit qu’une de ces deux espèces est l’arbre du Folium Indicum, ou Malabatrum des Anciens : feuille qui entre dans la Thériaque, Hort. Malab. Tome I, & Tome V.