Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CAPITOLIN

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 237).
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CAPITOLIN. adj. Qui n’est en usage qu’au masculin, en latin Capitolinus, d’où le mot de Capitolin a été formé. Il signifie, qui a rapport au Capitole, qui appartient au Capitole ; c’est une épithète & un surnom qui a été donné à direrses choses.

Le Mont Capitolin, Mons Capitolinus, étoit une des sept montagnes de Rome, à laquelle on donna ce nom, parce qu’en y fouillant pour fêter les fondemens d’un temple de Jupiter, on y trouva un crâne, ou une tête d’homme, caput, d’où se fit Capitolinus ; ou, selon d’autres, à Capite Toli, de la tête de Tolus, qui y fut trouvée. Cette montagne avoit été nommée jusques-là montagne de Saturne, Mons Saturnius, parce que c’étoit le lieu du Latium où Saturne avoit demeuré. Elle porta aussi le nom de montagne de Tarpeïa, parce que Tarpeïa Vestale y fut assommée sous les boucliers des Sabins, auxquels elle avoit livré la citadelle de Rome, & à qui elle demandoit pour récompense les bracelets d’or ornés de pierreries qu’ils portoient au bras gauche. Il y avoit jusqu’à trente temples sur le mont Capitolin. Le plus magnifique & le plus célèbre étoit celui de Jupiter. Voyez Rofin, Antiq. L.I. c. 5. & Dempsterus dans ses Antiq. Rom.

Jupiter Capitolin, surnom qui fut donné à Jupiter, à cause du temple qu’il avoit sur le mont Capitolin. Tarquin, fils de Démaratus, & surnommé le Vieux, fit vœu de bâtir ce temple, & le commença ; Tarquin le Superbe le bâtit, & Horatius Pulvillus le dédia. Ce temple fut brûlé dans la guerre civile de Marius & de Sylla, & réparé ensuite par Q. Catulus, & dédié une seconde fois. Pline, L. III, c. 5, L. VII, c. 28, L. X, c. 22, L. XXXIII, c. 1, 3 & 12, L. XXXIV, c. 7. Suétone, in Jul. Cæs. c. 1 5. Il fut encore brûlé sous Vitellius, & réparé sous Vespasien. Dion. L. LXV. Suet. in Vesp. ch. 8. C’étoit dans ce temple de Jupiter Capitolin qu’on prêtoit le serment de fidélité aux Empereurs. Pline, L. II. c. 7, & qu’on faisoit les vœux publics. C’étoit là que ceux à qui l’honneur du triomphe étoit décerné, étoient portés dans un char, & avec tout l’appareil du triomphe & de leurs victoires ; après quoi ils faisoient un festin dans le temple de Jupiter Capitolin, ou, selon d’autres, sous les portiques du Capitole.

Les Jeux Capitolins étoient des combats institués par Camille à l’honneur de Jupiter Capitolin, en mémoire de ce que le Capitole n’avoit point été pris par les Gaulois, Tite-Live, L. V, c. 30. Plutarque, dans ses Questions Romaines, quest. 53, dit qu’une partie de la cérémonie étoit que le Crieur public mît les Sardois, c’est-à-dire, les Etruriens à l’enchère. On prenoit aussi un vieillard, à qui l’on pendoit au cou une bulle, telle qu’en portoient les enfans, & on l’exposoit à la risée publique. Festus dit qu’on l’habilloit d’une robe prétexte, & qu’on lui pendoit au cou une bulle d’or, non pas comme à un enfant, mais parce que c’étoit l’ornement des Rois d’Etrurie.

L’Empereur Domitien institua aussi des Jeux Capitolins qui se célébroient à Rome, non pas tous les ans comme ceux de Camille, mais tous les cinq ans, dans lesquels on distribuoit aux Poëtes des prix & des couronnes que l’Empereur lui-même leur mettoit sur la tête. Ces jeux Capitolins de Domitien furent si célèbres, que l’on changea dans l’Empire la coutume de compter par lustres ; & l’on compta par les jeux Capitolins, comme en Grèce par les Olympiades. Cet usage duroit encore au temps qu’écrivoit Censorinus, c’est-à-dire, vers 230, sous Gordien. La fête n’étoit pas pour les seuls Poëtes ; il y avoit aussi des combats, & des récompenses pour les Orateurs, les Comédiens, les Histrions, & les Joueurs de toutes sortes d’instrumens. On peut voir sur ces jeux & les précédens, Rosinus, Antiq. Rom. L. V. c. 18, & Godwin, Antholog. Rom. L. II. sect. 3. c. 7.

Capitolin. s. m. est aussi un surnom d’homme. Capitolinus. M. Manlius fut surnommé Capitolin, parce que pour avoir voulu se rendre maître de Rome, il fut précipité du haut du Capitole. Julius Capitolin ou Capitolinus, est un Historien qui vivoit sous Dioclétion, & qui a écrit les vies d’Antonin Pie, de Luce Vere, d’Albin, de Macrin, des deux Maximins, des trois Gordiens, de Maxime & de Balbin.