Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CAPUCINE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
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CAPUCINE. s. f. Nom de Religieuse. Capucina Monialis. Les Capucines s’appellent Filles de la Passion. Les Capucines sont des Religieuses du second Ordre de S. François, qui suivent encore aujourd’hui à la lettre la Règle de Ste Claire, bien plus austère que celle des Capucins. Ce fut à Naples que se fit le premier établissement des Capucines, l’an. 1538, par la vénérable mere Marie Laurence Longa, d’une famille noble de Catalogne, & veuve d’un Seigneur Napolitain, conseiller du Conseil collatéral. Cette Dame embrassa d’abord la troisième règle de S. François, avec dix-neuf filles qu’elle assembla. Les Théatins eurent d’abord la direction de ces Religieuses ; mais en 1538, le Pape la donna aux Capucins par un Bref. Ce fut alors que ces Religieuses, à la persuasion de leur Fondatrice, quittèrent la troisième Règle de S. François, pour embrasser la première & la plus rigoureuse Règle de Ste Claire, dont l’austérité leur fit donner le nom de Filles de la Passion, & celui de Capucines, par rapport à l’habit qu’elles portent, qui étoit celui des Capucins. En France on ne les connoît que sous le nom de Capucines. Elles y furent établies en 1606, par la Duchesse de Mercœur, qui en cela ne fit qu’exécuter la volonté du Prince Philippe Emmanuel de Lorraine, Duc de Mercœur, que la mort empêcha de l’exécuter lui-même, ou plutôt la volonté de la Reine Louise de Lorraine, veuve d’Henri III, qui en avoit eu le dessein, qui en avoit écrit à Clément VIII, & qui mourant en 1601, ordonna au Duc de Mercœur son frère, d’achever cet établissement. Il fut consommé en 1606, par le Provincial des Capucins, & le P. Ange de Joyeuse alors Gardien. P. Hélyot, T. VII, c. 27.

Capucine : (A la) phrase adv. à la manière des Capucins. Cette expression entre souvent dans le discours familier. On dit, il prêche à la Capucine, il chante à la Capucine. On dit aussi d’une chambre mal meublée, qui n’a qu’un mauvais lit, une table & deux chaises de paille, qu’elle est meublée à la Capucine.

Capucine. s. f. Cardamindum, Nasturtium Indicum. Plante qui nous a été apportée des Indes, & qu’on a nommée en François capucine, à cause que le calice de sa fleur est terminé à sa partie postérieure par un éperon creux, qui a la figure d’un capuchon. Sa racine est fibreuse, chevelue, rampante, oblique, épaisse de quelques lignes ; d’où partent plusieurs tiges minces qui grimpent & s’entortillent aux arbres & aux plantes qui les environnent. On leur met pour cela des échalas pour les soutenir. Elles sont garnies de feuilles alternes, arrondies d’un vert clair en dessus, & lisses, plus pâles en dessous, un peu velues, & chargées de quelques nervures qui naissent de la queue, placées presque au centre de cette feuille, & forment autant de rayons, qui vont se terminer jusqu’à leur marge ; les queues sont longues de plusieurs pouces, entortillées de même que les tiges. Des mêmes nœuds que partent les feuilles, sortent aussi des pédicules qui soutiennent des fleurs composées de cinq pétales arrondies, jaunes & rouges à leur naissance en dedans, étroites d’abord, & barbues en cet endroit, & disposées dans les échancrures d’un calice d’un jaune verdâtre, découpé en cinq parties oblongues, étroites, & terminées à leur partie postérieure d’un éperon creux, long de deux tiers d’un pouce, jaune & rayé de quelques lignes de pourpre. Quelques étamines rougeâtres, & chargées de sommets de même couleur, naissent du centre de la fleur, & environnent un pistil dont la base devient un fruit à trois semences, couvertes d’une écorce verte & ridée ; on confit les boutons des fleurs de la capucine dans du vinaigre, & on les mange en salade. La capucine est piquante au goût comme le cresson ; aussi ses feuilles & ses fleurs sont recommandées pour le scorbut. On cultive encore dans les jardins une espèce de capucine qui est plus grande que celle-ci, dans toutes ses parties, & on la nomme grande Capucine, Cardamindum majus.

Capucine se prend quelquefois pour le bouton de la fleur. On dit, confire des capucines.