Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CASTRATION

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
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CASTRATION. s. f. Terme de Chirurgie. Castratio. Action, opération par laquelle on châtre un homme ou un animal, & on le met hors d’état d’engendrer. La castration est fort en usage en Asie, & sur-tout chez les Turcs, qui la pratiquent pour empêcher leurs femmes d’avoir commerce avec les esclaves qui les gardent. Les Turcs, dans la castration, font une amputation générale des testicules & de la verge. Chez les Italiens, la castration est fort fréquente. Dionis. C’est l’amour de la Musique qui a introduit en Italie l’usage de la castration, afin de conserver par ce moyen la voix aux enfans qui ont de la disposition à bien chanter.

Nous appelons poulardes, des poulettes chatrées, qu’on engraisse avec du grain dans un lieu obscur. Il est à croire que les Anciens n’ont point connu cette castration : il est constant qu’ils n’ont point connu celle des poules d’Inde, que j’ai vu pratiquer dans l’Anjou par une Dindonniere du Maréchal de Brezé. Les Anciens ont pourtant connu la castration des femmes. Athénée, L. 12, c. 3, attribue cette invention à un Roi de Lydie, nomme Andramyte, ou, selon Casaubon, Adramyte. Ces femmes lui servoient d’Eunuques, & c’étoit afin qu’elles parussent toujours jeunes & fraîches à ses yeux, qu’il s’étoit avisé de cette castration, laquelle, si l’on en croit Daléchamp, ne consistoit qu’à boucler ces femmes. Ménagiana, T. 3, p. 174, 175, 176. L’Amant de la Rose nous dit, v, 22316, & nous devons l’en croire, que

Pour cinq cens fois cent mille livres,

il n’auroit pas voulu souffrir une opération semblable à celle que le Chanoine Fulbert fit éprouver au mari d’Eloïse. On trouve peu de personnes qui entendent raillerie sur cet article. Sup. au Gloss. du Rom. de la Rose, au mot Grant péchié, &c.