Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CATACHRÈSE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 313).

☞ CATACHRÈSE. s. f. Terme de Grammaire. Figure de mot, espèce de Métaphore, qui consiste dans l’abus d’un mot, dans l’emploi d’un mot impropre à la place d’un mot propre. Catachrèsis, abujus vocis. Toutes les fois que, faute d’un mot propre pour exprimer une idée particulière, on est obligé de se servir d’un mot qui est le signe d’une autre idée, mais qui a du rapport avec celle qu’on veut exprimer, c’est une catachrèse. On dit par exemple ferrer un cheval d’argent, quoique ferrer ne signifie proprement que clouer un fer sous le pied d’un cheval ; mais comme nous n’avons point de mot propre pour rendre cette idée quand l’armure de la sole est d’argent, nous disons fer d’argent, ferrer d’argent, plutôt que d’inventer un mot nouveau. C’est la même chose si on appelle parricide celui qui a tué sa mère, son frère, son maître, son Prince ; parce qu’au propre il ne signifie que le meurtrier d’un père. Aller à cheval sur un bâton, cette expression contient une catachrèse. Il y a des catachrèses dans tous les styles & dans tous les genres d’écrire ; c’est un mal sans doute, mais c’est un mal nécessaire.

Ce mot vient du grec ϰαταχρώομαι (katachrôomai), qui signifie abutor.