Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CENTAURE
☞ CENTAURE. s. m. Terme de Mythologie. Animal fabuleux, moitié homme, moitié cheval. Centaurus. Le Centaure Chiron eut soin de l’éducation d’Achille. Le combat des Centaures contre les Lapithes. Les Centaures y périrent presque tous, par la valeur de Thesée & de Pirithoüs ; le reste se sauva dans les montagnes d’Arcadie, de manière qu’on n’en entendit presque plus parler.
Les Poëtes ont feint que les Centaures étoient fils d’Ixion & d’une Nuée. Le château où ils se retiroient, s’appeloit Νεφέλη, qui signifie Nuée ; c’est ce qui a donné occasion à ce que l’on a dit de leur mère. Il est souvent parlé des Centaures dans les Lettres d’Ovide. M. de Méziriac en traite fort au long dans son Commentaire sur la lettre de Philis à Démophon, où il dit : les Centaures étoient demi-hommes & demi-chevaux : ils avoient la tête d’un homme & les bras ; & peu-à-peu, descendant vers la poitrine, ils commençoient d’être chevaux, ayant quatre pieds comme un cheval, & tout le reste du corps & même le cri de cheval, comme les décrivent Lucien, au Dialogue intitulé Antiochus ; & Philostrate au Tableau des Centaurelles. Quant à leur origine, Diodore de Sicile, Liv. IV, en a le mieux parlé de tous ; les principaux Auteurs qui en ont traité, sont Eustathius sur le premier de l’Iliade, Tzetzès Chiliade 7, Hist. 99, & Palæphate en ses Histoires Incroyables. Consultez Vigenère sur les Centaurelles de Philostrate ; il rapporte tout ce qu’en ont dit Tzetzès Si Palæphate. Les Centaures dont parle les Poëtes, sont Chiron, Eurytus, Amycus, Grynæus, Rhoëtus, Arneus, Lycidas, Médon, Pisenor, Caumas, Mermeros & Pholus.
Pline, Liv. VII, c. 5, dit en avoir vu un qui avoit été envoyé d’Egypte à l’Empereur Claude, dans du miel, & que le même Empereur avoit écrit qu’il en étoit né un en Thessalie, qui mourut le même jour. C’étoit un monstre. S. Jérôme rapporte dans la vie de S. Paul, que S. Antoine en avoit vu un ; mais ce Père doute si ce n’étoit point un spectre, ou un prestige du Démon. voyez Vossius, De Idololat. Lib. I, cap. 15.
Ce mot vient du grec κενταύρος, composé de κίντεω, pungo, & de ταύρος, taurus. Il signifie littéralement pique-bœufs. Les centaures étoient vraisemblablement de certains bergers riches en bestiaux, & qui habitoient dans les montagnes d’Arcadie. De-là vient qu’on attribue aux bergers de ce pays-là l’invention des vers bucoliques, parce qu’ils chantoient en gardant les bœufs. Palæphate, dans son Livre des Choses incroyables, raconte que sous le regne d’Ixion Roi de Thessalie, un troupeau de taureaux, qui devinrent furieux sur le mont Pélion, ravageoit tout le pays, & rendoit la montagne inaccessible. Quelques jeunes gens qui s’étoient avisés de dresser des chevaux pour les monter, entreprirent de nettoyer la montagne de ces animaux. Pour en venir à bout, ils les poursuivoient à cheval, & les perçoient à coups de trait. C’est pourquoi on les nomma Centaures ; c’est-à-dire, perce-taureaux. Cet heureux succès les rendit insolens, en sorte qu’ils insultoient les peuples de la Thessalie, qu’on appeloit alors les Lapithes : & comme ils prenoient la fuite lorsqu’ils étoient attaqués, la rapidité avec laquelle ils se retiroient, fit juger qu’ils étoient demi-hommes, & demi-chevaux.
☞ D’Ablancourt s’est servi de ce mot au féminin, en parlant de la femme d’un Centaure. D’autres disent Centaurelle. Mots peu usités.
Centaure, est aussi le nom d’une constellation méridionale, qui comprend 37 étoiles, 6 de la 2e grandeur, 7 de la 3e, 16 de la 4e & 8 de la 5e. Ce qui rend le pied le plus oriental du centaure plus brillant que l’autre, c’est qu’il y a dans cette partie de cette constellation deux étoiles fort proches l’une de l’autre.
Centaure dans l’Histoire, est le nom d’un peuple de Thessalie. Les Centaures habitoient le pays qui est au pied du mont Pélius : c’étoit une nation grossière & féroce. On les représentoit demi-hommes & demi-chevaux, parce qu’ils furent les premiers parmi les Grecs qui domptèrent des chevaux, & qui apprirent aux Grecs à combattre à cheval.