Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CEP

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 366).
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CEP. s. m. Souche, pié de vigne. Vitis, vinea, stirps, truncus. Arracher un cep. Il n’y a que trois ceps à cette treille. Ménage dérive ce mot de cippus, qui veut dire tronc, quoique d’autres le dérivent de capo, ou caput. Quelques-uns écrivent sep par abus.

CEP, ou CEB. s. m. Espèce de Satyre, ou plutôt de singe, dont parie Solin, c. 30. Cepus, ou Cebus. On en vit a Rome au temps de Jules César, si l’on en croit Solin. Pline cependant dit que ce fut à des jeux que donna le grand Pompée ; mais tous deux conviennent que c’est la seule fois qu’on en ait vu à Rome. Ils avoient les pieds de derrière semblables à ceux de l’homme, & ceux de devant à peu près semblables à nos mains. Diodore de Sicile leur donne une tête de lion, le corps de panthère, & la grandeur d’une chèvre. C’est une fable, quoique Strabon dise la même chose, Liv. XVI, après Artémidore. Quelques Auteurs ont prétendu que ce mot étoit grec, κῆπος, qui signifie jardin, & qu’on l’avoit donné à cet animal, à cause que sa variété imitoit celle d’un jardin. Mais Saumaise, sur l’endroit de Solin que j’ai cité, a très-bien remarqué que ce mot étoit éthiopien, & que les Grecs l’avoient pris, comme beaucoup d’autres des langues étrangères ; & Bochart a très bien montré, Hierozoicon, p. I, L. III, c. 31, que c’étoit la même chose que כוף, koph, animal que la flotte de Salomon apportoit de Tharsis, & que les Traducteurs ont rendu par Simia ; un singe. C’est apparemment la même chose que les Bavianes de l’île de Ceïlan, dont nous parlons au mot Satyre. Au reste, je ne sais où certain Auteur a pris que le Ceb, ou comme il dit, Cebus, a le visage d’un Satyre, & le reste du corps de chien & d’ours.

Ceps, se dit au pluriel des fers qu’on mer aux pieds & aux mains des prisonniers. Compedes. En ce sens il est vieux. On le dit aussi de deux pièces de bois échancrées où l’on engage les pieds du criminel pour le tenir plus surement prisonnier. On s’en sert aussi pour lui donner la question.

Ce mot vient de cippus, dont les Latins se sont servis en la même signification. Ménage. Joannes de Janua en tire l’origine ex eo quod capiat pedes. Dans les vieux titres on trouve cheps pour signifier prison : & ainsi on a dit un chep à mettre un malfaiteur, pour dire, un cachot ; & on a appelle chepier, ou cheper, un Geôlier. D’autres prétendent que c’est le prisonnier que l’on appeloit chepier ; & pour le Geôlier, Nicot dit qu’on l’appeloit ceppier. Mais comme il n’y a pas beaucoup de différence entre cheppier & ceppier, on pourroit bien les avoir confondus.