Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CHÈVREFEUILLE

La bibliothèque libre.
Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 528).
◄  CHEVREAU

CHÈVREFEUILLE. s. f. Caprifolium, periclymenon. Il y en a qui écrivent chèvrefeuil. Arbrisseau dont la racine est ligneuse, rampante, & donne à son collet plusieurs jets ligneux, gros comme des plumes à écrire, ronds, longs plus ou moins, suivant le terrain dans lequel il se trouve, couchés par terre, en partie sur tout, & en partie debout, lorsqu’ils ne sont pas éloignés de quelque corps auquel ils puissent s’entortiller pour se soutenir. De chaque nœud de ces jets, qui sont souvent branchus, naissant des feuilles opposées, arrondies, molles, d’un vert gai en dessus, plus pâles & un peu velues en dessous. A l’extrémité des branches sont attachées des fleurs disposées en rayons. Chaque fleur est un tuyau fermé par le bas, évasé par le haut, & découpé en deux lèvres, dont la supérieure est recoupée en quelque partie, & beaucoup plus grande ordinairement que l’inférieure, qui est taillée le plus souvent en manière de langue. Le calice qui soutient la fleur devient une baie molle, d’un rouge tirant sur le jaune, grosse comme un pois, d’un goût désagréable. Elle renferme quelques semences dures applaties, & presque ovales. Il y a plusieurs espèces de Chèvrefeuilles. Les unes ont leurs feuilles opposées & séparées ; dans quelques espèces, elles se joignent tellement par leur base, qu’il semble que la branche ne fait que les enfiles. C’est pour cela que quelques-uns l’appellent Caprifolium perfoliatum. Leurs fleurs varient par leurs couleurs, par leur odeur, & par le temps auquel elles naissent. Dans la plûpart des espèces, la couleur de la fleur est purpurine, rayée de quelques lignes blanches, qui deviennent jaunes, lorsque la fleur commence à passer. Mais dans certaines espèces, ces couleurs sont plus vives, de même que l’odeur. Il y en a aussi qui fleurissent plutôt, d’autres plus tard, & d’autres qui gardent leurs feuilles toute l’année. On cultive dans les jardins le chèvrefeuille, parce qu’il garnit des espaliers, & qu’il donne beaucoup de fleurs. On fait des palissades de chèvrefeuille, des berceaux, des cabinets de chèvrefeuilles, des buissons de chèvrefeuille. On le met dans des pots, on le taille, on l’arrondit, on lui donne diverses figures. Les fleurs du chèvrefeuille sont en usage en Médecine : elles sont un puissant diurétique, & propres pour la rate. On s’en sert aussi dans l’asthme, & dans la toux. On en fait aussi une eau distillée qui fortifie les nerfs, & facilite l’accouchement. On l’appeloit autrefois chievreboust.