Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CHÉLIDOINE

La bibliothèque libre.
Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 499).
◄  CHÉLICIE

CHÉLIDOINE. s. m. Chelidonius. Nom d’homme. Prudence composa sur la fin du IVe siècle, un poëme sous le titre des Couronnes, divisé en quatre chants, dont les premier est consacré à la mémoire des deux saints freres, Emetère & Chélidoine, qui souffrirent dans la ville de Calahorra. Baillet, 13 de Mars.

Chélidoine. s. f. Autrement la grande éclaire. Chelidonium majus ou Chelidonia. Prononcez Kelidoine. Plante qui a pris son nom du mot grec χελιδὼν qui signifie une hirondelle, parce qu’on a cru, dit Pline, que cette plante fleurissoit au retour de ces oiseaux, c’est-à-dire, au premier printemps, ou qu’étant bonne pour la vue, les hirondelles s’en servoient pour la rétablir à leurs petits. Sa racine est grosse comme le petit doigt, fibreuse, rougeâtre en dehors, & d’un jaune de saffran en dedans. Elle jette de son collet plusieurs feuilles longues au moins de demi-pié, velues, d’un vert-pâle, & découpées profondément en quatre ou conq segmens en manière d’aîlerons rangés comme dans les feuilles, composées & terminées par un segment beaucoup plus large que les autres. Chaque segment ressemble à la feuille du chêne, & il est pareillement incisé sur ses bords en ondes. Les tiges qui s’élèvent entre ces feuilles sont grèles, divisées en quelques branches, chargées de quelques feuilles assez semblables à celles du bas, & sont terminées par des bouquets de fleurs dont les pédicules communs sortent du côté opposé des branches de la tige, lesquelles branches naissent des aisselles des feuilles. Ces fleurs sont jaunes, couleur de la teinture du saffran, à quatre pétales soutenus par un calice, à deux petites feuilles qui tombent en même temps que la fleur s’épanouit. Des étamines sans nombre, & de la même couleur des pétals, entourent un pistil qui devient ensuite une silique longue de deux pouces environ, sur une ligne & demie de largeur, couleur d’olive, composée de deux panneaux appliqués sur les bords d’un chassis à jour ; c’est-à-dire, qui n’est couvert d’aucune membrane, comme dans presque toutes les autres siliques. Aux deux côtés de ce chassis sont attachées des semences menues, longuettes, noires & luisantes dans leur maturité. Toute la plante donne un suc jaune & âcre : elle est très-apéritive. On en recommande l’usage à ceux qui ont des dartres, soit prise intérieurement dans des aposemes, soit extérieurement en fomentation. On s’en sert aussi pour les maladies des yeux ; mais on tempère l’âcreté de son suc avec le lait. La plante qu’on nomme petite chélidoine, petite éclaire, ou petite scrophulaire, car on lui donne ces noms, est tout à fait différente de celle-ci. C’est une espèce de renoncule qui pousse des feuilles presque rondes, vertes, lisses, luisantes, nerveuses, plus petites que celles du lierre & plus molles, marquées quelquefois d’une tache purpurine ; la queue longue, se couchant en partie par terre. Il s’élève d’entre ses feuilles de petites tiges environ à la hauteur de la main, blanchâtres en bas, purpurines en haut, portant en leurs sommets de petites fleurs semblables à celles des renoncules, d’une belle couleur dorée éclatante. Il leur succède un fruit arrondi, vert-jaune, rempli de semences oblongues. La petite chélidoine est rafraichissante, résolutive, apéritive, propre pour les maladies de rate & le scorbut. On applique sa racine pilée sur les hémorrhoïdes. Voyez Éclaire.