Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CHALDÉEN

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 399-400).
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CHALDÉEN. s. m. Se dit des personnes & du langage. Chaldæus. Le chaldéen, les Chaldéens.

Chaldéen. (Missel) Titre du Missel des Maronites, qui est en langue chaldaïque ou syriaque, & qui a été imprimée in-folio à Rome, en cette langue, l’an 1592. Ce Missel contient douze Messes ou Liturgies, sous les noms de saint Jacques, de saint Pierre, de saint Jean, des saints Apôtres, &c. Voyez les Remarques sur le chapitre vingt-quatre du Voyage du P. Jérôme Dandini au mont Liban.

Chaldéen, enne. s. m. & f. Peuple habitant la Chaldée. Chaldæus. En hébreu ou en chaldéen, les Chaldéens sont appelés Chasdens, כשדאין כשדים. Philon, dans ses Gloses ou Interprétations des noms hébreux, interprète ce mot μαντεις, ἤ μάγος, ἢ ὣς δαιμόνες, c’est-à-dire, selon l’interprétation de Saint Jérôme, Ut dæmones vel feroces, ou plutôt Devins, ou Mages, ou comme Démons. Ce Père suit encore ailleurs le sentiment de Philon, & dit que personne ne doute que ChaUeen signifie Dimon, Cela supposé, il est clair que Philon & Saint Jérôme ont cru que ce nom hébreu étoit compose d’un כ, marque de similitude, ou de ressemblance, & de schedim, qui signifie Démons, & vient de שלד, schalad, ravager ; & le ש ou s, s’est changé en l, comme le d dans Ulysse. Mais il est bien plus probable que ces Peuples ont été ainsi appelés de כשד, Cased, ou Chesed, dont il est parlé, Gen. XXII. Dans ces premiers temps, toutes les Nations portoient le nom de leur Fondateur. Saint Jérome est de ce sentiment dans ses Questions hébraïques, & Bochart. Dans ce sentiment, il faut dire que, quand l’Ecriture se sert du mot Chaldéen avant le temps de Chesed, fils de Nachor, c’est une anticipation, ou prolepse. On pourroit dire aussi que ce nom leur venoit peut-être de quelqu’autre Chesed, plus ancien que le fils de Nachor. D’autres croient que ce nom vient de celui d’Arphaxad, père des Chaldéens, comme le dit Josephe, Antiq. Jud. Liv. I, ch. 7, que ce nom, dis-je, en vient par apocope, c’est-à-dire, en retranchant le commencement alpha, reste en hébreu כשד ; d’où confondant le כ, ou c, & ש, ou s, en un ξ, ou x, les Grecs ont fait Ἀρφαξὰδ, Arphaxad. Ce sentiment est de tous le plus vraisemblable.

Les Chaldéens passoient dans l’Antiquité pour les inventeurs de l’Astronomie, & ils étoient fort adonnés non-seulement à cette science, mais encore à l’Astrologie, à la Devination, &c. C’est pour cela que Chaldéen, dans l’Ecriture & dans les Auteurs profanes, est la même chose que Mathématicien, Astrologue, diseur de bonne aventure, faiseur d’horoscope, magicien, comme on le peut voir, dans Daniel, II, 2, 4, 5, 10, IV, 7, V, 7, 11 ; dans Cicéron, De Divin. lib. I, n. 2, 31, & lib. II, n. 42, 87, & Lib. II, n. 42, 87, & Lib. I. Tuscul. quæst. n. 95. Strabon, Liv. VI ; Aulu-Gelle, Liv. I, ch. 9, & Liv. XIV, ch. 1 ; Suétone, dans Vitellius, ch. 14 ; Saint Jérôme, sur Daniel, ch. 11 ; Juven. Sat. X, vers. 94.

Chaldéen, avec l’article défini, signifie la langue chaldaïque, que parloient les Chaldéens. Chaldaica lingua. Le chaldéen est un dialecte de l’hébreu. Un Auteur qui écrivoit, il y a quelques années en Hollande, une Dissertation sur ces Médailles (Samaritaines), s’est imaginé y trouver du chaldéen. P. Souc. Dissert. sur les Médailles Hébr. Il signifie aussi quelquefois le Paraphraste Chaldaïque ; c’est-à-dire, Onkelos, quand on parle du Pentateuque ; & Jonathan, s’il s’agit des autres Livres de l’Ecriture : car pour Jonathan sur le Pentateuque & le Paraphraste de Jérusalem, il ne faut point les appeler simplement & absolument le chaldéen. Le chaldéen paroït à plusieurs Chrétiens & Juifs convertis fournir des preuves de la distinction des personnes en Dieu, & marquer la seconde par le mot ממדא, verbe.

Chaldéen, enne, est aussi adj. Chaldaïque, qui appartient aux Chaldéens, ou à la Chaldée. Chaldæus, Chaldaicus. Strabon rapporte qu’il y avoit deux Sectes parmi les Philosophes Chaldéens ; les Orchènes, & les Borsippènes. La langue chaldéenne.