Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CHAMBRE
☞ CHAMBRE. s. f. Membre, partie d’une maison, d’un appartement. Ce mot se dit de la plupart des pièces d’une maison, mais particulièrement de celle où l’on couche. La chambre à coucher, ou chambre du lit, est celle où l’on couche ordinairement. Elle est dans l’appartement d’usage. Cubiculum. Chambre lambrissée, parquetée, boisée, planchetée, carrelée. Chambre à feu, sans cheminée. Chambre à alcove, chambre en niche.
☞ On appelle chambre de parade, la plus belle chambre d’un appartement, où sont les meubles les plus riches, destinée à recevoir les visites de cérémonie.
☞ Il y avoit autrefois des chambres en estrade, où le lit étoit élevé sur des gradins séparés de la pièce par une balustrade. Chambre en galetas. On appelle ainsi celle qui est prise dans une partie du toit d’un bâtiment. Ces chambres servent aux principaux domestiques de la maison.
☞ Ce mot s’emploie aussi en parlant des choses qui servent à la chambre. Valet de chambre. Cubicularius. Premier Valet de chambre. Cubiculariorum decurio. Fille de chambre. Famula cubicularis. Robe de chambre, robe qu’on porte quand on garde la chambre. Toga domestica. Pot de chambre.
Ce mot vient, selon Nicot, du latin camera, qui a été dérivé du grec καμάρα, signifiant voûte, ou courbe ; parce qu’originairement l’on ne donnoit le nom de chambre qu’aux places qui étoient voûtées en arc de cloître. Les Espagnols disent aussi camara, d’où on a fait camarade. Du Cange. Dans camera l’e devenant muet, ou se retranchant, l’m n’a pu se prononcer immédiatement devant l’r ; il a fallu ajouter un b entre deux, selon les remarques & les principes de M. l’Abbé Dangeau, dans ses excellens Essais de Grammaire.
Chambre garnie. C’est une chambre qu’on loue fournie de toutes les choses nécessaires. Quand on n’a point de meubles, on se met en chambre garnie. Par un règlement de Police du 20 Mars 1635, il est défendu aux loueurs de chambres garnies de loger, ni recevoir, ni jour ni nuit, que personnes de bonne vie, & bien famés, ni leur administrer vivres ni alimens à peine de punition exemplaire. Et leur est enjoint de s’enquérir de ceux qui logeront chez eux, de leurs noms, surnoms, qualités, conditions, demeurances, du nombre de leurs serviteurs, chevaux, le sujet de leur arrivée, & le temps de leur séjour ; en faire registre, & le porter le même jour au Commissaire de leur quartier, lui en laisser autant par écrit, & s’il y a aucuns de leurs hôtes soupçonnés de mauvaise vie, en donner avis audit Commissaire ; & de bailler caution de leur fidélité au Greffe de la Police. De la Mare. Traité de la Police, Liv. I, T, VIII, ch. 3.
☞ Dans les Couvens on appelle chambre noire, une chambre qui n’est point éclairée, où l’on enferme ceux qu’on met en pénitence. Conclave piacularibus pœnis destinatum. On peut aussi s’y retirer pour faire des retraites volontaires.
☞ Garder la chambre, c’est être indisposé à ne pouvoir sortir de sa chambre. Tenir une fille en chambre, c’est l’y entretenir. Au figuré tenir quelqu’un en chambre, c’est l’obséder pour le faire jouer, & le tromper.
☞ Travailler en chambre, en parlant des Ouvriers, c’est ne pas tenir boutique. Privatos intra parietes artem exercere. Cet Ouvrier ne peut tenir boutique ; il travaille en chambre.
☞ On dit proverbialement & figurément d’un homme un peu fou, qu’il y a bien des chambres à louer dans sa tête.
Chambre obscure, en terme d’Optique, est une chambre ou un vaisseau bien fermé de toutes parts, à la réserve d’une petite ouverture par où on laisse entrer les rayons du Soleil, qui vont peindre sur le mur opposé, sur un papier, les images de tout ce qui est au-dehors. ☞ Par le moyen du verre lenticulaire, que l’on met au petit trou pratiqué à la fenêtre, les objets de dehors, suivant les principes de la dioptrique, se peindront renversés sur le carton blanc que l’on place au foyer du verre lenticulaire.
☞ On redresse les images, en plaçant au dessus du verre lenticulaire un miroir plan extérieur incliné de 45 degrés sur la boîte. L’expérience nous apprend qu’un miroir plan incliné de 45 degrés représente un objet horisontal dans une situation perpendiculaire.
☞ Par ce moyen on se procure un spectacle fort amusant, & l’on peut dessiner les objets avec la plus grande exactitude. Daniel Barbaro, Patriarche d’Aquilée, a été le premier qui a écrit de cette invention, ensuite A. Porta, & Cardan dans sa Subtilité.
Chambre, se dit par excellence de la chambre du Roi, des Officiers qui y servent, & des meubles qui y sont destinés. Cubiculum regium. Les quatre premiers Gentilshommes de la Chambre ont chez eux les Pages de la Chambre, & servent par année ; les Valets de Chambre, les Huissiers de Chambre, par quartiers. La Musique de la Chambre ou autrement du petit coucher. On appelle aussi la Chambre, le lit & la Chambre du Roi, qui marche toujours quand le Roi va en campagne. On appelle aussi la Chambre du Roi, les plus belles chambres des châteaux ou des hôtelleries où le Roi a une fois couché allant par pays. On appelle enfin chambre du Roi, certains Officiers de la Chambre ou qui y ont rapport, & quand le Roi Louis XIV, le matin après être levé, pendant qu’on l’habilloit, demandoit sa Chambre, alors les Huissiers de la Chambre prenoient la porte de la Chambre, & avec eux entroient les Valets de Chambre, les Porte-manteaux, les Porte-arquebuses & autres Officiers de la Chambre. ☞ Avoir les entrées de la Chambre, c’est avoir le privilège d’entrer avec les Officiers de la Chambre.
Chez le Roi il y a aussi la Chambre aux deniers. Instituta moderandis regiæ domûs sumtibus præfectura : & trois Maîtres de cette Chambre servent chacun leur année, & règlent la dépense de la Maison du Roi dans un bureau établi pour cela, où ils président. Regio patrimonio tuendo tribunal.
Autrefois on appeloit Chambre, le lieu où l’on gardoit le Trésor-Royal, comme on voit dans les Capitulaires de Charles le Chauve. On dit encore à Rome des ducats de la Chambre ; pour dire du Trésor des Papes.
Chambre, se dit aussi de plusieurs Juridictions où l’on rend la justice. En chaque Parlement il y a une Grande-Chambre, qu’on appelle autrement la Chambre des Audiences. Et il faut prononcer Gran-Chambre & non pas Grande-Chambre, qui ne se dit, que lorsque l’on veut exprimer la grandeur, l’étendue de la pièce d’un appartement que l’on appelle chambre. C’est ainsi que l’on dit gran, ou grand’mère, & non pas grande-mère. Voyez le mot Grand. ☞ Grand’Chambre, se dit par extension des Magistrats qui ont séance à la Grand’Chambre.
Dans la première institution du Parlement il n’y avoit que deux Chambres, & deux sortes de Conseillers : l’une étoit la Grand-Chambre pour les audiences, dont les Conseillers s’appeloient Jugeurs, qui ne faisoient que juger, Primarium cemtumviralis Primatûs tribunal ; l’autre des Enquêtes, dont les Conseillers, s’appeloient Rapporteurs, qui ne faisoient que rapporter les procès par écrit. Inquisitorum curia. Des Chambres des Enquêtes, qui jugent des procès par écrit : il y en a cinq à Paris, ailleurs moins. Une Chambre de la Tournelle, ou Chambre Criminelle, où se jugent les procès criminels, qui est ainsi appelée, parce que les Conseillers des autres Chambres y vont tour à tour. Capitalium judicum tribunal.
☞ Chambre de la Tournelle Civile. On appeloit ainsi une Chambre qui a été créée plusieurs fois pour juger certaines affaires quand la Grand’Chambre étoit surchargée : elle jugeoit à l’Audience les affaires au dessous de mille écus, ou de cent livres de rente & au dessous. Elle étoit composée comme la Tournelle Criminelle, des Conseillers de la Grand’Chambre, & des Enquêtes, qui y alloient alternativement.
Il y a aussi des Chambres de Requêtes du Palais. Institutum libellis supplicibus judicandis tribunal, où l’on juge en première instance les affaires des Officiers du Roi, qui sont privilégiés, & qui ont droit de Committimus. Il y en a deux à Paris, & une dans les autres Parlemens.
On appelle Chambre du Conseil, la Chambre où les Conseillers jugent les Procès par écrit. Interius consilii conclave.
La Chambre des Vacations, est celle qu’on établit pour juger des matières provisoires & criminelles, pendant que le Parlement vaque. Tribunal dicendi juris per statos vacationum forensium dies.
La Chambre de la question, est celle où on donne la question. Tribunal tormentorum.
Chambre de l’Edit ou Chambre mi-partie, est une Chambre établie en vertu des édits de pacification en faveur de ceux de la Religion Prétendue-Réformée, dans laquelle il y a autant de Juges d’une Religion que de l’autre. Tribunal mixtorum ex Catholicis & Calvinianis judicum. La Chambre de l’Edit du Parlement de Toulouse étoit à Castres, celle de Bourdeaux à Agen. Elles ont été supprimées. Les Chambres de l’Edit jugeoient toutes les affaires auxquelles ceux de la Religion Prétendue-Réformée étoient intéressés, ou comme parties principales, ou comme garans, soit en demandant, soit en défendant, tant en matière civile qu’en matière criminelle. On en avoit excepté les causes où il s’agiroit du possessoire des bénéfices, des dîmes non inféodées, du patronage Ecclésiastique, des droits & des devoirs du domaine de l’Eglise. A l’égard des appellations comme d’abus interjettées des Jugemens ecclésiastiques par ceux de la Religion Prétendue-Réformée, si elles étoient fondées sur entreprises faites par des Ecclésiastiques contre la Juridiction Royale, contraventions aux Droits & Ordonnances du Roi, & Arrêts des Cours Souveraines, elles étoient traitées & jugées par les Chambres de l’Edit : mais si elles étoient fondées sur une contravention aux saints Décrets, Sanctions & Constitutions canoniques, les Chambres de l’Edit n’en pouvoient connoître ; cependant le Clergé avoit obtenu plusieurs Déclarations & Edits, pour que les appellations comme d’abus des Jugemens ecclésiastiques, fussent toutes traités dans les Parlemens. Voyez Fevret, de l’Abus, Liv. I, ch. 2.
☞ Chambres assemblées, se dit de l’assemblée de toutes les Chambres du Parlement. Coactum ex universo Senatu consilium.
☞ En matière criminelle, on entend par Chambres assemblées, la Grand’Chambre seulement, jointe à la Tournelle. Les Prêtres, les Gentils-hommes, les Officiers Royaux ont le droit de faire juger les procès criminels par les Chambres assemblées, c’est-à-dire, par la Grand’Chambre & la Tournelle réunies, sans y comprendre les autres Chambres.
Chambre des Comptes, est une Cour souveraine où se rendent tous les comptes de tous les deniers royaux où l’on enregistre les aveus & dénombremens qu’on donne au Roi, les sermens de fidélité, & les autres choses qui regardent les Finances du Roi, ou son domaine, Rationum regiarum curia. Cette Chambre fut rendue sédentaire à Paris sous le règne de Philippe le Bel, & fut nommée Chambre, comme le Parlement. Les Avocats & Procureurs-Généraux du Parlement & de la Chambres des Comptes, furent communs jusqu’à l’an 1454. Elle avoit une plus grande autorité qu’elle n’a aujourd’hui. C’étoit toujours un Archevêque ou un Evêque qui y présidoit. La charge de second Président fut pendant quelque temps affectée au grand Bouteillier de France. Ce fut Louis XI qui nomma un Laïque pour premier Président : Louis XII donna cette charge à Jean Nicolaï, dont les descendans en ligne directe ont rempli la même place jusqu’à présent. Elle est composée de Présidens, de Maîtres, Correcteurs & Auditeurs ; d’un Avocat & d’un Procureur Général. Voyez Pasquier.
Il y a quinze Chambres des Comptes en France, Paris, Rouen, Nantes, Montpellier, Pau, Grenoble, Aix en Provence, Dole, Dijon, Aire en Artois, Lille, Blois, Metz, Nancy & Bar.
Chambre des Monnaies, érigée en Cour Souveraine sous Henri II. Monetalium judicum curia. ☞ Elle étoit exercée par les Généraux des Monnoies, qui jugeoient en dernier ressort de tout ce qui avoit rapport au monnoies.
Chambre du Trésor, est une Juridiction où l’on juge en première instance les affaires qui regardent le Domaine du Roi, & dont l’appel ressortit au Parlement. Ærarii regii tribunal.
Chambre Ecclésiastique, est une Chambre où l’on juge par appel les différens qui arrivent sur la levée des décimes, don-gratuit, & autres impôts sur le Clergé. Tribunal Ecclesiasticum. Il y en a de subalternes en chaque Diocèse. On les appelle Bureaux Ecclésiastiques. Voyez Bureau, bureau des décimes.
Il y a en France neuf Chambres Ecclésiastiques, savoir, Paris, Rouen, Lyon, Tours, Toulouse, Bourdeaux, Aix, Bourges & Pau. Elles sont ordinairement composées de l’Archevêque du lieu où est établie la Chambre, qui en est le Président, des autres Evêques du ressort, d’un Député de chacun des Diocèses du ressort, de trois Conseillers du Parlement, ou du Présidial où se tient l’assemblée. La Chambre les choisit, & prend, autant qu’il se peut, des Conseillers Clercs : elle choisit aussi un Promoteur. On s’assemble tous les huit jours : quand il ne s’y trouve point d’Evêques pour y présider, c’est un des Conseillers qui préside. Pour rendre un arrêt, il faut qu’il y ait au moins sept personnes, & qu’il se trouve un Evêque ou un Conseiller pour Président. Le Receveur général du Clergé a ses causes commises à la Chambre Ecclésiastique de Paris, qui se tient dans le Palais. Quoique les villes d’Avignon, de Carpentras, de Cavaillon & de Vaison, appartiennent au Pape, leurs ressorts sont compris dans le ressort de la Chambre Ecclésiastique d’Aix, parce qu’il y a quelques Paroisses de ces Diocèses qui, étant dans les terres du Roi, sont sujettes aux impositions comme les autres lieux du Royaume. L’Assemblée du Clergé tenue à Melun en 1579 ayant révoqué les Syndics généraux du Clergé, qui jugeoient en dernier ressort avec deux ou trois Conseillers du Parlement de Paris les disputes qui arrivoient à l’égard des impositions sur le Clergé, elle demanda au Roi l’établissement de quelques Chambres, où l’on jugeât sans appel ces matières, & le Roi l’accorda par le contrat du 20 Février 1580 : ce qui fut suivi d’un Edit qui érigeoit les Chambres de Paris, Rouen, Lyon, Tours, Toulouse, Bourdeaux, Aix, & qui marquoit l’étendue du ressort de chacune de ces Chambres. Cet établissement a été confirmé de temps en temps par les Rois, ordinairement pour dix ans chaque fois, mais avec quelque changement ; car en 1596 le Roi Henri le Grand ajouta la Chambre de Bourges à celles qui étoient déjà établies : & en 1633, le Roi Louis le Juste, après avoir rétabli les Ecclésiastiques de Béarn dans leurs biens, créa une Chambre Ecclésiastique à Pau pour les Diocèses de Lescar & d’Oleron, qui jusques-là avoient dépendu de la Chambre Ecclésiastique de Bourdeaux. Par l’Edit de 1596, Gap fut ôté du ressort de Lyon, pour être mis en celui d’Aix ; & par un Réglement de l’Assemblée fait le 28 Janvier 1606, Nevers fut ôté du ressort de Lyon pour être mis en celui de Paris. Voyez M. l’Abbé de Dangeau, les Mémoires du Clergé, les Procès-verbaux des Assemblées du Clergé, &c.
Chambre, se dit aussi des Juridictions extraordinaires, établies par des Commissions du Roi pour un certain temps, comme la Chambre de Justice, ou la Chambre ardente, pour la recherche des criminels d’Etat, ou de ceux qui ont malversé dans les Finances. Capitales judices extraordinarii. On appela d’abord Chambre ardente, une Chambre que François II érigea dans chaque Parlement pour faire le procès aux Luthériens & aux Calvinistes, parce qu’on les faisoit brûler sans miséricorde dès qu’ils étoient convaincus de n’être pas bons Catholiques. Mez. En 1679, on appela aussi Chambre ardente, la Chambre qui fut établie pour la poursuite des empoisonneurs. La Chambre Royale, pour la réformation des Maladreries. ☞ Il y a eu plusieurs Tribunaux extraordinaires établis en différens temps, sous le titre de Chambre Royale, qui ont tous été suprimés. La Chambre du Domaine, pour les affaires extraordinaires du Domaine.
Chambre, se dit aussi en parlant des juridictions étrangères. La Chambre Apostolique, est celle où l’on traite les affaires qui regardent le Trésor ou le Domaine de l’Eglise & du Pape, ses parties casuelles. Camera apostolica. Les expéditions qui doivent passer par la Chambre, sont taxées à tant de ducats de la Chambre. La Chambre haute & la Chambre base, sont les deux Chambres qui composent le Parlement d’Angleterre. Tribunal superius, Tribunal inferius. La Chambre haute, est la Chambre des Seigneurs : le nombre est arbitraire, & dépendant du Roi. L’Etat d’Angleterre imprimé en 1692, en compte 188. La Chambre basse, est celle des Communes, composée des Députés des Provinces, des Villes & des Bourgs, qui montent à 510 lorsqu’ils sont tous présens. Dans la réunion qui s’est faite de l’Angleterre & de l’Ecosse en un seul Royaume, & en un seul Parlement, le nombre des Députés de la Chambre haute a augmenté de 16 Pairs d’Ecosse, & celui de la Chambre basse de 45 membres Ecossois.
La Chambre Impériale, est une Juridiction qui se tenoit à Spire : elle a été depuis transférée à Vetzlar. On y juge les différens des Princes & Villes de l’Empire d’Allemagne. Tribunal Imperiale. Cette Chambre étoit au commencement ambulatoire. Elle fut formée l’an 1473 à Augsbourg, par Frideric IV. Elle y fut continuée l’an 1495 par une nouvelle constitution de Maximilien I, du consentement de tous les Ordres de l’Empire. Nonobstant cette institution cette Chambre fut envoyée à Francfort, & de là à Wormes l’an 1497. Ensuite après avoir été transportée en divers lieux, comme à Nuremberg, à Ratisbonne, puis encore à Wormes & à Nuremberg, & de cette dernière ville à Eslingen, on la transfera enfin l’an 1527 à Spire, où Charles V la rendit sédentaire l’an 1530 par une Déclaration qui fut expliquée en 1548 par une autre plus ample, avec la clause que cette Chambre ne pourroit plus être transférée ailleurs sans le consentement des Etats de l’Empire, à moins que ce ne fût en cas de guerre ou de peste. Heiss. Il n’y avoit que 16 Assesseurs dans son institution ; mais à cause du changement de Religion dans une partie de l’Allemagne, le traité de paix fait à Osnabrug en 1648 en augmenta le nombre. Outre cinq Présidens, on y établit 50 Assesseurs, dont sont 26 Catholiques & 24 Protestans. Entre les Présidens il y en a aussi deux Protestans, afin de tenir la balance plus égale entre les deux Religions. Cette Chambre a le pouvoir de juger par appel en dernier ressort de toutes les affaires civiles de tous les sujets de l’Empire ; de même que le Conseil Aulique, qui réside à la Cour de l’Empereur. Les Procès n’y sont presque jamais jugés, par le nombre presqu’infini de formalités dont on les embarasse. D’ailleurs, la Chambre Impériale n’ose pas bien souvent prononcer, de peur d’exposer ses arrêts à quelque disgrace ; parce qu’il arrive quelquefois que les Princes ne permettent pas qu’on exécute les arrêts de la Chambre qui ne leur plaisent pas. Comme les Princes, ou les Cercles de l’Empire, ne remplissent pas toujours exactement les places vacantes, le nombre des Assesseurs est présentement réduit à 15.
Chambre des assurances, c’est une Cour de Justice & le lieu où l’on juge en Hollande les affaires que les assurances font naître.
Chambre des Tiers, est une Chambre qui tient au Palais, & qui est composée de dix Procureurs, qui sont nommés de temps en temps d’entre ceux qui ont dix ans de postulation, pour régler les différens qui naissent dans les taxes de dépens, quand les parties ne s’en tiennent pas à ce que le Procureur tiers a arrêté.
Chambre à sel, sont des chambres établies dans les lieux dont les Greniers à sel sont éloignés.
Chambre du plaidoyer, qui n’est aujourd’hui connue que sous le nom de Grand’Chambre, connoît des appellations verbales, interjetées des autres Juges ordinaires ou extraordinaires, dont l’appel ressortit au Parlement.
☞ Chambre dorée du Palais. On appeloit ainsi la Grand’Chambre, à cause de son plafond qui est doré. Elle a été aussi nommée la grande voûte, parce qu’elle est voûtée dessus & dessous & que la voûte supérieure a beaucoup de portée.
Chambre Royale de Médecine. C’étoit une espèce de seconde Faculté de Médecine que Théophraste Renaudot & quelques Médecins des Facultés étrangères avoient voulu établir à Paris vers l’an 1670. S. Germain, qui avoit été Carme Déchaussé, & qui étoit à la tête de cette affaire, obtint de M. le Chancelier d’Aligre des Lettres-Patentes ; mais le même Chancelier, par un Arrêt du 17 Juin 1675 ordonna le rapport de ces Lettres-Patentes, & défendit à ceux qui les avoient surprises de s’en servir. Enfin, une Déclaration du 3 Mai 1694 cassa cette Chambre.
Chambre, ou Commanderie Magistrale. Terme en usage dans l’Ordre de Malte. On le dit des Commanderies qui sont assignées au grand Maître : car les Statuts de l’Ordre portent que, pour soutenir le poids de la dignité de Maître de l’Ordre avec plus de magnificence & de commodité, on lui assigne une Commanderie dans chaque Prieuré. On les nomme Magistrales, & elles ne peuvent plus en être séparées : le Maître a cependant coutume de les donner à bail ou à pension à des Frères qu’il aime. Les Commanderies, ou Chambres magistrales en France, sont celles de Pézénas, de Puibran, de Salins, d’Itennut, du Temple, de la Rochelle, & celle de Metz. Il y a aussi des Chambres Prieurales.
Chambre Royale, ou Chambre Syndicale des Marchands Libraires de Paris. C’est une Chambre établie pour y tenir des assemblées, & y délibérer des affaires du Corps de la Librairie.
Chambre, (Maître de) ou Camérier, c’est le premier Officier de la Chambre du Pape, ou d’un Cardinal. Camerarius.
En termes de Fonderie, on appelle chambre, un vide ou concavité qui demeure dans un canon ou une cloche qu’on a fondue, où le métal n’a pas coulé, interior cavus. Il faut refondre un canon lorsqu’il y a une chambre ; il pourroit crever, parce que cet endroit est plus foible. On appelle aussi chambre, un endroit au fond de l’ame de certaines pièces de canon & certains mortiers de nouvelle invention, qui est concave, & que l’on fait exprès, en les fondant pour y mettre la poudre, & où se va terminer la lumière.
Chambre, terme de Selier, qui se dit du vide qu’on pratique dans une selle de cheval, un bât, un collier, en retirant un peu de la bourre, lorsque le chenal est foulé ou blessé en quelque endroit, pour empêcher que la selle ne porte dessus. Pars Ephippii camerata.
Chambre de mine. C’est l’endroit où l’on met la poudre quand on fait une mine. Cavus pulverarius. La chambre d’une mine est un vide de cinq à six piés cubes, & se charge d’un millier de poudre ou environ. On l’appelle autrement fourneau. C’est là qu’aboutit la faucille à laquelle le Mineur met le feu pour faire sauter la mine.
En termes de Marine, chambres des vaisseaux, sont les lieux où couchent les Officiers Majors. Cupribicula. On appelle grand’chambre, celle qui est prise sur l’arrière du second pont du vaisseau ; & Chambre de Conseil, celle qui est au-dessus de la grand’chambre, dans laquelle se tient le conseil. La chambre des Canoniers, est l’étage ou retranchement de l’arrière vaisseau au-dessus de la soute, & au-dessous de la chambre du Capitaine : les vaisseaux de guerre y ont ordinairement deux sabords. Chambres aux voiles ; c’est le lieu où l’on tient les voiles de rechange, pour en changer quand il en est besoin.
Chambre, dans les Relations, se dit des logemens de la Milice Turque. Hospitium militare. Un peu au-delà de Sainte Sophie (à Constantinople) sont les logemens des Dgebedgis, c’est-à-dire, des Cuirassiers, qu’ils appellent Chambres, comme tous les autres quartiers de la milice. Duloir, p. 50. De l’autre côté de la Mosquée de Chahzade, sont les vieilles chambres des Janissaires, qui sont les logemens de ceux qui demeurent dans Constantinople, &, qui ne sont pas mariés. Id. p. 60.
On appelle aussi chambre, la partie intérieure la plus profonde d’un port, qu’on nomme autrement paradis, & darcine ou bassin, où l’on retire les vaisseaux désarmés, pour les calfater. Statio.
Chambre d’écluse. C’est l’espace du canal compris entre les deux portes d’une écluse.
☞ Chambre, en termes de Tisserand, est l’espace qui se trouve entre deux lames du peigne, & dans lequel passe une partie des fils qui forment la chaîne.
Les Vitriers appellent aussi chambre, le creux qui est dans la verge de plomb, où ils placent le verre lorsqu’ils font des panneaux de vitres.
☞ Chambre de l’œil, en Anatomie, c’est l’espace compris entre le cristallin & la cornée, lequel contient l’humeur aqueuse qui remplit l’œil.
☞ Chambres dans les Verreries. Ce sont des ouvertures particulières pratiquées dans les murailles du four, & au niveau des siéges, afin de pouvoir manœuvrer plus facilement sur les pots, quand il leur arrive de casser.
☞ Chambre du cerf, en Vénerie, est l’endroit où le cerf repose pendant le jour.
☞ On donne aussi le nom de chambre à une espèce de piège préparé, pour prendre des loups & des renards.