Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CHANGEUR
☞ CHANGEUR. s. m. Celui qui est préposé en titre d’office pour changer les espèces d’or & d’argent, recevoir les monnoies anciennes, étrangères, défectueuses ou altérées, & en donner le prix à ceux qui les portent.
☞ Les Changeurs sont obligés d’envoyer aux hôtels des monnoies toutes les espèces défectueuses qu’ils ont reçues. Mensarius, nommularius. Comme le change de l’argent est une chose qui regarde le public, & d’une grande conséquence pour le bien de l’Etat, nos Rois se sont appliqués dans tous les temps à régler le nombre des Changeurs, & l’exercice de leur charge. Voyez l’Edit d’Henri III, en 1580 ; les Lettres-patentes du 20 août 1581 ; la Déclaration du 17 Octobre de la même année ; l’Edit du 19 Décembre 1582 ; l’Edit d’Henri IV de 1601 & de 1607. Chez les Romains c’étoit par le ministère des Changeurs que se faisoient les charges, les dépôts, les achats, les ventes, les prêts : les Changeurs faisoient presque toutes les fonctions de nos Changeurs, de nos Banquiers & de nos Notaires.
On a appelle autrefois le Trésorier du Domaine Changeur du trésor, jusqu’à ce que François I, en sa place, créa en 1543 seize recettes générales de toutes sortes de deniers.
On dit proverbialement d’un homme qui paye bien, qu’il paye comme un Changeur, parce que les Changeurs payent comptant, & qu’un homme est riche comme un Changeur, quand on lui voit beaucoup d’argent comptant.