Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CHASUBLE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 478-479).

CHASUBLE. s. f. Ornement d’Eglise, que le Prêtre met par-dessus son aube, quand il va dire la Messe. Casula. Les chasubles des Anciens étoient toutes rondes, & se retroussoient sur l’épaule ; au lieu que maintenant elles sont fendues par les côtés. Un Concile tenu en Germanie par S. Boniface, l’an 742, ordonne que les Prêtres & les Diacres ne porteront point des manteaux semblables à ceux des Laïques, mais des chasubles ; d’où quelques-uns concluent que c’étoit donc encore au septième siècle l’habit ordinaire des Ecclésiastiques. Les premières chasubles étoient rondes, & fermées de tous côtés, excepté à l’endroit par où l’on passoit la tête pour les vêtir ; ainsi elles enfermoient les bras comme tout le reste du corps : & pour agir des bras, on relevoit la chasuble des deux côtés ; ce que l’on faisoit au temps du sacrifice. C’est la forme qu’elles ont sur tous les anciens monumens. Tous les Papes des douze premiers siècles sont vêtus de ces sortes de chasubles. Honorius IV est le premier que l’on voie orné d’une chape. voyez les Bollandistes, à la fin du Tom. VII des Acta SS. Maii, pp. 96, 97.

Les Orientaux, lorsqu’ils célèbrent la Messe dans nos Eglises, se servent plutôt de chapes, que de chasubles. Et en effet, on disoit autrefois la Messe avec des chapes ; mais comme on les trouva embarrassantes, on les coupa par le bas, & on les fendit par les côtés ; ce qui est beaucoup plus commode. A l’égard des chapes, elles viennent originairement des manteaux ou des robes qu’on portoit, car dans les commencemens les Prêtres ne se servoient ni de chapes ni de chasubles. Walafride Strabon a eu raison de dire, que dans la primitive Eglise, on disoit la Messe en habit ordinaire. Il est surprenant que le Cardinal Bona se soit si fort emporté contre Nicolas Alémanius, qui a prétendu que les Apôtres n’ont point eu l’usage des habits sacrés. Les premiers Chrétiens célébroient les Mystères avec les mêmes habits qu’ils avoient accoutumé de porter. Il n’y avoit en ce temps-là aucune différence entre les vêtemens de cérémonie, & ceux donc on se servoit d’ordinaire, si ce n’est qu’on gardoit les plus propres pour la célébration des Mystères. Consultez la Préface qui est à la tête des Cérémonies & Coutumes des Juifs, imprimées à Paris en 1681. Lindanus, Liv. XLVII, de sa Panoplie, ch. 56, parlant des chasubles dont on se sert présentement dans l’Eglise, dit qu’elles différent entièrement des anciennes, qui couvroient tout le corps, étant de véritables robes. Voyez Grimault, dans sa Liturgie sacrée.

Ce mot a été fait de capsa ou capsula, qui est dans le Cérémonial. Mén. D’autres le dérivent de capitulum ou capitis fibulum, & prétendent qu’on disoit autrefois chassuble, & qu’on s’en affubloit la tête. Rabanus, Ugurio, Isidore & Joannes de Janua, quia instar parvæ casæ totum hominem tegebat. On trouve Casubula dans la basse latinité. Voyez Acta SS. Januar, tom. II, pag. 650.