Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CHEVILLER

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 526-527).
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CHEVILLER. v. a. Mettre des chevilles. Clavos affigere, suffigere ; fibulis compingere. Cette charpente n’est pas encore en état, elle n’est que chevillée.

Cheviller, en termes de sortilége, c’est empêcher par sort les autres de pisser. Mictum sortibus impedire, sistere, &c.

CHEVILLÉ, ÉE. part & adj. Qui ne tient qu’avec des chevilles. Clavatus, fibulis affixus.

On appelle au manège un suros chevillé, quand le calus qui se forme sur le canon du cheval est double, l’un en dehors & l’autre en dedans ; & des épaules chevillées, quand elles sont engourdies & presque sans mouvement.

On dit en Poësie, que des vers sont bien ' chevillés, quand ils sont chargés de plusieurs mots inutiles, & qui ne servent que pour la mesure, ou pour la rime.

Que dites-vous des ces vers chevillés,
De ces discours obscurs, entortillés ? R.

☞ En termes de Venerie, une tête de cerf bien chevillée, qui a beaucoup d’andouillers bien rangés. On le dit de même du daim, du chevreuil.

Chevillé, en termes de Blason, se dit des ramures d’une corne de cerf ; & quand on veut exprimer le nombre de cornichons ou dagues, qui sont dans un bois de cerf peint sur un écu, on dit chevillée de tant de cors. Cornu cervinum ramulis distinctum. Le Baron d’Hona porte d’azur à deux bois de cerf posés en sautoir, chaque branche chevillée de six pièces d’argent.

On dit proverbialement & figurément d’un homme qui, malgré son grand âge, résiste à de grandes maladies, qu’il a l’ame chevillée dans le corps.