Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CHINGULAIS

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 544).
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CHINGULAIS, AISE. s. m. & f. Habitant ou originaire, naturel de l’Île de Ceïlan. Ceilanus, Ceilanensis, Chingulanus. C’est ainsi qu’il faut dire, & non pas Ceylanois. Les Chingulais sont originairement Malabares & Chinois, si l’on en croit les Auteurs Portugais : les Malabares exiloient en cette Île ceux qui avoient commis quelque crime qui méritoit l’exil. Les Chinois, maîtres de tout le commerce de l’Orient, fréquentant fort ces mers, quelques-uns de leurs vaisseaux furent portés sur les basses du détriot de Chilao, & y échouèrent. Les équipages se sauvèrent dans l’Île, & ayant trouvé le pays beau & fertile, ils s’y établirent. En peu de temps ils s’allièrent avec les Malabares exilés qu’ils y trouvèrent, & qu’on nommoit Galas. Ils se confondirent ainsi, & ne firent qu’un seul peuple, que des deux noms, Cin & Galas, l’on appela Chingalas, & puis Chingulais. Les Chingulais sont presque tous idolâtres : ils sont de deux sortes : les uns sont tout-à-fait sauvages ; on les appelle Bedda ou Waddahs : ils demeurent éloignés des habitations. Les autres sont plus civilisés. Voyez ce qu’on en a dit au mot Ceïlanois. Les Chingulaises portent ordinairement une camisole de toile de coton blanche qui leur couvre tout le corps, qui est parsemée de fleurs bleues & rouges, & qui est plus ou moins longue, selon la qualité des personnes. Les Chingulais reconnoissent plusieurs Dieux, dont il y en a un supérieur & souverain, qu’ils appellent Créateur du ciel & de la terre, & qui envoie les autres pour exécuter ses ordres : les autres Dieux sont, disent-ils, les ames des gens de bien. Ils croient l’immortalité de l’ame, la résurrection, & une autre vie, &c.

Quelques-uns disent Cingale pour Chingulais, & les appellent les Gentilhommes de l’Île de Ceïlan.