Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CHRÊME

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 561).
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CHRÊME. s. m. Huile consacrée par l’Evêque, qui sert à administrer les Sacremens de Baptême, de Confirmation, d’Ordre & d’Extrême-Onction. Sacrum Chrisma. On fait le saint Chrême le Jeudi-Saint avec de grandes cérémonies. En Espagne l’Evêque prenoit autrefois le tiers d’un sou pour le Saint Chrême que l’on distribuoit à chaque Eglise, à cause du baume qui y entre. Le Concile de Prague, tenu en 572. Can. 4, défend de rien prendre.

L’Auteur Arabe de Giavaher al Bochur écrit que le baume de Matharée, auprès du Caire en Egypte, étoit fort recherché des Chrétiens, à cause de la foi qu’ils y avoient. Il dit ceci à cause que les Chrétiens s’en servoient pour faire le chrême de la Confirmation. D’Herbelot, au mot Belsan.

Ce mot vient du grec χρήσμα (chrêsma) signifiant la même chose. Il y en a de deux sortes : l’un qui se fait avec de l’huile & du baume, qui sert aux Sacremens de Baptême, de Confirmation & des Ordres ; l’autre qui est de simple huile qui est consacrée par l’Evêque, qui servoit aux Cathécumènes, & sert encore à présent pour le sacrement de l’Extrême-Onction. Cette cérémonie est fort ancienne, & même d’institution Apostolique. Les Maronites ne composoient pas seulement d’huile & de baume, le chrême de la Confirmation avant qu’ils eussent été réformés, ils y ajoutoient du musc, du safran, de la cannelle, des roses, de l’encens blanc, & plusieurs autres drogues qui sont rapportées par Raynaldus, an. 1514, n. 91, avec la dose de chacune. Le P. Jérome Dandini Jésuite, qui alla au Mont-Liban en 1556, en qualité de Nonce de Sa Sainteté, arrêta dans un Synode, que le chrême se feroit avec le l’huile & du baume seulement, sans y ajouter autre chose ; cela signifiant les deux natures de J. C. l’huile marque la nature humaine, & le baume la nature divine. Voyage du Mont-Liban, ch. 28.

On appelle à Bourges le chrême de Bourges, la Juridiction spirituelle de l’Archevêque, dans le district de laquelle il a droit de distribuer le saint Chrême aux Curés.

Proverbialement, en parlant d’une chose capable de pousser à bout la patience d’un homme, on dit, qu’elle feroit renier Chrême & Baptême. Acad. Fr.