Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CIBOIRE

La bibliothèque libre.
Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 584).

CIBOIRE. s. m. Vaisseau sacré en forme de grand calice couvert, qui sert à conserver les hosties consacrées pour la communion des Chrétiens. Augustissimæ Eucharistiæ sacra pixis. On gardoit autrefois le ciboire dans une colombe d’argent suspendue dans les baptistères, ou sur les tombeaux des Martyrs, ou sur les autels. Le troisième Canon du II Concile de Tours ordonne que l’on placera le ciboire où repose le corps du Seigneur, non pas au rang des images, mais sur la croix, qui étoit au haut de l’autel.

Il semble que ce mot ait été pris de ciborium, qui est en usage chez les Grecs & chez les Latins. Hésichius a cru qu’il vient originairement des Egyptiens, & qu’il signifie en leur langue le fruit d’une certaine féve d’Egypte. On a appelé de certains vases ciboires, parce qu’ils étoient faits comme ces féves d’Egypte. Horace s’est servi du mot de ciboria en ce sens-là, comme l’a remarqué l’ancien Scholiaste Latin. Il se peut aussi faire que ces vases aient été nommés ciboires, parce qu’ils étoient faits de ces féves d’Egypte. On a donné dans la suite des temps le nom de ciboires aux vases sacrés, où l’on conserve les hosties. Quelques Théologiens ont cru qu’ils ont été ainsi appelés, parce que le pain qui nous nourrit pour la vie éternelle y est conservé. Ugution dit que ciborium est proprement un vase destiné ad ferendos cibos.

Chez les anciens Ecrivains ce mot se disoit de toute sorte de construction faite en voûte, portée sur quatre piliers. Voyez Acta SS. Febr. T. III, p. 104, c. D. p. 105, B. & April. T. II, p. 11, E. où l’on voit par la description d’un ciboire de marbre, soutenu de quatre colonnes de marbre, & imposé sur un autel, que c’est la même chose que baldaquin. Voyez ce mot. Chez les Auteurs Ecclésiastiques, c’est aussi un petit dais ou voile élevé & suspendu sur quatre colonnes sur le maître autel. On en voit encore en quelques Eglises à Paris & à Rome. Les Italiens appellent encore ciborio. un tabernacle isolé. On a dit qu’on posoit des ciboires sur les corps des Saints & des Martyrs, parce qu’on les enterroit sous les autels.