Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CITROUILLE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 614-615).
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CITROUILLE. s. f. Est le nom qu’on donne dans l’usage ordinaire à une sorte de plante cucurbitacée, appelée en latin Pepo, que les Traducteurs ont nommé Pepon ou Pompon. Cette plante jette plusieurs tiges longues, rampantes, couchées sur terre, & qui grimpent sur les corps voisins auxquels elles se lient fortement par le moyen de quelques vrilles. La grosseur de ces tiges n’excède guère celle du pouce ; elles sont aussi pour l’ordinaire, creuses, rudes au toucher & pleines de suc. Les feuilles qu’elles poussent, sont alternes, fort grandes, arrondies & portées par des queues longues, rudes comme les tiges, & pareillement pleines de suc & creuses. Ses fleurs sont grandes, jaunes, en forme de cloche évasée, & échancrées en cinq parties. Elles sont stériles ou fertiles : celles-ci portent un fruit qui sert comme de pédicule ou de calice à la fleur, qui étant mûr, est composé d’une écorce extérieure qui est comme ligneuse, & d’une chair. Il est divisé intérieurement en trois loges, qui renferment chacune deux rangs de semences de la grandeur, figure & grosseur d’une amande, & comme bordées d’une manière d’anneau. Ce fruit varie beaucoup ; il est tantôt long, tantôt rond, tantôt lisse, tantôt raboteux & couvert de verrues, tantôt jaunâtre, tantôt couleur de chair & tantôt blanchâtre. Il y en a de si prodigieux, qu’un ou deux font la charge d’un homme. Lorsque la citrouille est bien mûre, elle est creuse dans son milieu, & on en mange une partie de l’hiver dans les potages. On la rotit, on la frit on l’assaisonne avec le beurre, le lait, le sel, & de quelque façon qu’on l’apprête, elle donne peu de nourriture. Ses semences sont du nombre des semences froides majeures, & leur moëlle est fort douce. Cette plante, quoi qu’étrangère, est devenue très-commune dans nos jardins, & même il n’y a pas de plante potagère dont la semence lève plus aisément. On en a vu lever qui étoit vieille de plus de dix à douze ans. Citrouille aoûtée, est celle qu’on cueille après le mois d’Août. Dans les Indes, on frotte les chevaux de fleurs de citrouilles, pour les empêcher d’être incommodés des mouches.

On appelle figurément & bassement une femme dont la taille est grosse & mal faite, une grosse citrouille.

La plante que les Botanistes ont appelée citrouille, en latin, anguria citrullus dicta, diffère de la précédente ; 1°. par ses feuilles qui sont plus petites & découpées fort profondément ; 2°. par les fruits qui sont moins gros, ordinairement ronds, d’un vert-foncé, taché de quelques marques blanchâtres : 3°. par la chair de ses fruits, qui est le plus souvent rougeâtres ; 4°. par ses semences, qui sont plus petites & rougeâtres, ou noirâtres. Ce fruit est fort rafraîchissant, & ses semences sont du nombre des semences froides. On peut ajouter que cette citrouille dans l’usage ordinaire, est connue sous le nom de Melon d’eau ou Pastèque. On cultive en plusieurs jardins de Provence, & dans plusieurs endroits de l’Espagne & de l’Italie, le Pastèque ; & il y donne des fruits gros au plus comme la tête d’un enfant. Il est rempli d’un suc aqueux, agréable, doux & rafraîchissant. Dans les pays du nord, il ne profite pas, & il n’y a pas la même douceur. Les jardins d’Egypte sont remplis de plusieurs Pastèques qui varient beaucoup, & diffèrent les uns des autres ; c’est dommage qu’elles ne puissent pas réussir en France. Bélon fait mention de quelques-unes dont les fruits sont extrêmement gros. M. Lippi y en a aussi observé plusieurs espéces fort particulières. Le Brésil, le Malabar & presque toutes les Indes sont remplies de quantité de plantes qui sont de la famille des cucurbitacées ; il y a même certaines de ces plantes qu’on pourroit rapporter au genre de citrouille. On pourroit aussi, par la culture, leur faire perdre ce goût sauvage qu’elles ont, & nous les rendre familières & utiles dans les jardins potagers.