Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/COLIQUE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 680-681).
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COLIQUE. s. f. Douleur plus ou moins violente qu’on sent dans le bas ventre. Intestini plenioris morbus, intestini dolor, colicus dolor, colerica tormina. Elle a été ainsi appelée, parce qu’on a cru que le siége ordinaire de cette maladie étoit l’intestin colon. On auroit dû par cette raison ne nommer colique que la douleur du colon ; mais l’usage en a décidé autrement. Il y a de trois sortes de coliques : la bilieuse, la venteuse & la néphrétique. La colique bilieuse est causée par des humeurs bilieuses, âcres & mordicantes, qui sont répandues dans les boyaux & qui les picotent. La colique venteuse est vagabonde, & ne s’arrête en aucun lieu : elle est produite par des vents qui étendent violemment l’intestin où ils sont enfermés. La colique néphrétique se sent particulièrement sur les reins, & est ainsi nommée, parce qu’en grec le rein s’appelle νεφρος. Elle procède ordinairement d’une pierre ou gravier qui s’est détachée du rein, & qui est tombée dans le bassinet. Le Pareira brava est un spécifique pour les coliques néphrétiques. Il dissout les glaires qui collent ensemble les sables & les graviers dans les reins. M. Manochi, Médecin Vénitien, qui s’est fait une grande réputation à la Cour du Mogol, où il a demeuré 40 ans, m’a assuré que son remède est infaillible contre toutes sortes de coliques. Il faut, dit-il, avoir un anneau de fer d’un pouce & demi, ou environ de diamètre, & gros à proportion ; le faire bien rougir au feu, & faisant étendre le malade sur le dos, lui appliquer l’anneau sur le nombril, ensorte que le nombril serve comme de centre à l’anneau : le malade ne tardera pas à en ressentir l’ardeur, il faut alors le retirer promptement ; la révolution subite qui se fera dans le bas ventre dissipera en peu de tems toutes les douleurs. Il se fait garant du prompt effet de ce remede, & m’assure qu’il s’en est toujours servi aux Indes avec succès. Lettr. édif. Tom. IX.

Colique d’estomac. Stomachi tormina. Ce sont des douleurs aiguës & vives dans les fibres de l’estomac. La colique d’estomac cause des vomissemens, & réduit quelquefois à la mort. Une décoction de fleurs de camomille dans de la bière commune a guéri de la colique d’estomac. Si l’on prend seulement deux fois un bolus composé d’une drachme de rhubarbe & d’autant de l’hiéra de Galien & de miel rosat, il n’y aura point de purgation plus sûre ni plus efficace pour prévenir la colique d’estomac.

Colique de Poitou. Morbus colicus Pictaviensis. Une espèce de colique qui est familière à Amsterdam pendant l’hiver, se manifeste sous les dehors de celle qui a été ci-devant appelée Colique de Poitou. Demours, Acad. d’Ed. I. c. 418, 419.

☞ La Colique de Poitou est une espèce particulière de colique qui provient des exhalaisons, des préparations de plomb, & de l’usage des vins sophistiqués avec des préparations de ce métal. Colica Pictonum. On l’appelle aussi colique des Plombiers, parce que les ouvriers qui travaillent à fondre ou à purifier le plomb, ou qui sont exposés à recevoir les vapeurs qui en sortent, y sont fort sujets ; & colique des Peintres, colica Pictorum, parce que les Peintres qui emploient le blanc de Céruse y sont aussi fort exposés.

☞ COLIQUE, en termes d’Anatomie, est aussi adj. Alors ce terme sert à désigner les artères & les veines qui appartiennent au colon. Il y a quatre artères coliques, les deux droites qui naissent de la mésentérique supérieure ; & les deux gauches qui naissent de la mésentérique inférieure. Les veines coliques vont se rendre à la veine mésaraïque qui porte le sang qu’elle en reçoit dans le tronc de la veine porte.