Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/COMMENDATAIRE
COMMENDATAIRE. s. m. Œconome qu’on a mis en possession d’un Bénéfice, pour le régir pendant six mois, & le gouverner en attendant qu’on l’ait pourvu d’un Titulaire. Beneficii ecclesiastici œconomus dum idem cuipiam conferatur, Commendatarius. Le Commendataire subsistoit du revenu de l’Eglise qu’il administroit. Tels sont les Commendataires dont on parle en Droit Canon. Autrefois l’administration des Evêchés vacans appartenoit à l’Evêque le plus proche : ce qui se pratique encore entre l’Archevêque de Lyon, & l’Evêque d’Autun. C’est pourquoi on les appeloit Evêques Commendataires. Cet usage est fort ancien. On trouve des exemples de Prélats Commendataires, dans l’Eglise Grecque. S. Athanase dit de lui-même, selon Nicéphore, qu’on lui avoit donné en commende, c’est-à-dire, en administration, une Eglise, outre celle d’Alexandrie dont il étoit Evêque. On commettoit le soin des Eglises sans Pasteur à un Evêque, jusqu’à ce que l’on eût élu un successeurs. Le regîtte du Pape Grégoire I est tout plein de ces commissions ou commendes, pendant l’absence, ou la maladie de l’Evêque, ou la vacance du Siége. Voyez un petit Livre intitulé l’Abbé Commendataire. Il déclame violemment contre l’abus qu’on a fait de cet ancien usage.
Ce mot vient de commendare, confier, recommander.
Commendataire, est en France un Ecclésiastique séculier, qui est nommé par le Roi, & pourvu par le Pape d’une Abbaye, ou d’un Prieuré, avec permission de disposer des fruits à son profit pendant sa vie. Beneficii Ecclesiastici fiduciarius possessor auctoritate summi Pontificis, Commendatarius. Un Abbé Commendataire est opposé à un Abbé Régulier. L’Abbé Commendataire n’a pas tous les privilèges du Titulaire ; par exemple, il ne peut pas exercer la discipline intérieure, mais il jouit de tous les droits honorifiques.