Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/COMPERE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 744).
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☞ COMPERE. s. m. Patrinus. Nom qui se donne par le pere & la mere d’un enfant à celui qui a tenu cet enfant sur les fonts de Baptême ; par la marraine, à celui avec qui elle a tenu cet enfant ; & par le parrain & la marraine, au pere de l’enfant. Celui qui tient un enfant avec une fille est son compere. Il est aussi compere à l’égard des pere & mere de l’enfant, & il contracte une alliance spirituelle avec eux. On ne contracte cette alliance qu’à cause du Sacrement même du Baptême, & non point à cause des cérémonies qui l’accompagnent. Le Pape Etienne IX appelle souvent dans ses lettres le Roi Philippe I son compere, & la Reine Bertrade sa commere, & les deux Princes, leurs fils, ses enfans spirituels : ce qui fait croire qu’il fut leur parrain, & montre en même temps que ces noms sacrés par la Religion, étoient alors des titres d’honneur, loin d’être du style bas & familier, comme aujourd’hui.

Ce mot vient de compater, comme commère de commater.

Compere se dit, en discours ordinaire, de ceux qui sont bons amis & familiers ensemble. Amici, familiares. Ce sont des comperes qui sont toujours ensemble. Ce sont des festins de comperes & de commeres. La plûpart des Bourgeois se nomment comperes, & rien n’est plus ordinaire entr’eux que ces termes d’alliance. Caill.

On dit d’un homme, que c’est un bon compere, pour dire, que c’est un bon compagnon, un homme de bonne humeur & agréable. Ac. Franç.

On dit aussi burlesquement de quelqu’un, c’est un compere ; pour dire, c’est un homme fin, habile & intelligent en son métier.

On dit, en ce monde, tout se fait par comperes & par commeres, c’est-à-dire, par intrigues & par sollicitations.

Compere se dit aussi des animaux que l’on introduit parlant dans les apologues. Amicus.

Compere le Renard se mit un jour en frais,
Et retint à diner commere la Cicogne. La Font.