Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CONSPIRER

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 838-839).
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☞ CONSPIRER, v. n. être unis d’esprit & de volonté pour l’exécution de quelque dessein. Conspirare. On le dit en bonne ou en mauvaise part, selon que le dessein est bon ou mauvais, louable ou blâmable. Conspirer au bien public. Tous conspirent à sa fortune, à sa ruine. Brutus & Cassius conspirèrent contre César, pour rendre à la République son ancienne liberté. On conspiroit souvent contre les Empereurs Romains.

Du rang que vous tenez, confus, désespéré,
Pour vous en dépouiller j’ai cent fois conspiré.

☞ On dit activement conspirer la perte, la mort de quelqu’un. Il semble qu’ils aient conspiré la ruine de l’Etat.

☞ Ce verbe employé absolument se prend toujours dans un sens odieux pour désigner un complot formé contre le Souverain, contre l’État, contre les personnes publiques. On fut averti que l’on conspiroit dans telle ville, dans telle province.

☞ On le dit neutralement dans un sens figuré des choses qui concourent, qui contribuent au même effet. Tous les événemens semblent conspirer à la gloire du Souverain, au bonheur de l’État.

Jettez les yeux sur cette Province, que la guerre & la sécheresse ont désolée, en sorte que le ciel & la terre semblent avoir conspiré sa ruine. Fléch. C’est à la Cour que les passions s’excitent, & conspirent toutes contre l’innocence. Id. Toutes choses conspiroient à la fortune du Cardinal de Richelieu ; tout conspiroit à son avancement. Les vœux du peuple conspirent à la gloire de leur Prince.

Je vois que la sagesse elle-même t’inspire :
Avec mes volontés ton sentiment conspire. Racine.

Tout conspire, Madame, à mon contentement. Mol.

Conspiré, ée. part.